Investi depuis le 20 janvier 2021, Joe Biden est déjà au travail. Les mesures s’enchaînent pour tenter de sauver les années Donald Trump.

Joe Biden a à peine posé ses valises à la Maison Blanche, qu’il établit un record. Jamais un président américain n’avait signé autant de décrets (une quarantaine) à son arrivée au pouvoir. « Il n’y a pas de temps à perdre » a déclaré Biden aux journalistes dans le Bureau ovale. Investi devant le Congrès le 20 janvier 2021, le 46e président des Etats-Unis succède à Donald Trump dans une ambiance plus que tendue. Le président sortant n’a pas digéré sa défaite et voit son successeur piétiner les décisions prises durant son mandat.

Surnommé « Sleepy Joe » par Donald Trump, Biden n’a pas l’air de vouloir se reposer. Avant son investiture, il avait déjà signé 17 mesures. Il arrive au pouvoir dans un contexte de crise sanitaire d’urgence. Avec plus de 400 000 morts du Covid-19, les Etats-Unis reste le pays le plus atteint par la pandémie depuis des mois. Joe Biden a annoncé le 21 janvier le port du masque obligatoire dans les bâtiments fédéraux, les transports entre les Etats et pour les fonctionnaires fédéraux. Lui-même vacciné, le président souhaite rendre le vaccin gratuit pour tous afin de rassurer les américains. Il promet également d’administrer 100 millions de doses de vaccin durant les 100 premiers jours de son mandat.

Joe Biden a également fait marche arrière en annulant le départ controversé des Etats-Unis de l’Organisation mondiale de la santé. Le 7 juillet 2020, Donald Trump avait engagé le retrait du pays de l’institution accusant cette dernière d’être trop indulgente avec la Chine. Le plus gros contributeur de l’instance onusienne reviendra donc l’alimenter. Anthony Fauci, expert du gouvernement en matière de maladies infectieuses dirigera la délégation américaine.

« Combattre le changement climatique »

Joe Biden souhaite également renouer les liens avec une autre convention mondiale : l’accord de Paris. Le 20 janvier 2020, il a promis le retour des Etats-Unis dans l’accord sur le climat : « Nous allons combattre le changement climatique comme nous ne l’avons jamais fait jusqu’ici« . Le chef de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé Biden à fixer de nouveaux objectifs climatiques « ambitieux« .

Le président démocrate prévoit donc la mise en place d’un Green New Deal pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Pour l’émissaire spécial pour le climat John Kerry : « C’est l’heure de se mettre au travail« . Il demande aux agences de revoir et annuler plus de 100 mesures que Trump avait prises en matière d’environnement notamment l’annulation du projet d’oléoduc Keystone XL entre les Etats-Unis et le Canada.

Un plan de relance ambitieux

Joe Biden s’attaque aussi à l’économie américaine. Elle a connu en 2020 sa pire année depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le président a présenté, le 15 janvier 2021, son plan de relance ambitieux de 1 900 milliards de dollars pour faire face à la crise.

« Les aides directes en cash, l’extension des allocations chômage, l’exonération des loyers, l’aide alimentaire, maintenir les emplois des travailleurs essentiels, aider les petites entreprises, ce sont les éléments clés du plan de sauvetage de l’Amérique qui sortira 12 millions d’Américains de la pauvreté« 

Joe Biden, 46e président des États-Unis

Il souhaite doubler le salaire fédéral minimum en le portant à 15 dollars de l’heure et fixer le taux d’impôt sur les sociétés à 28 % après une baisse à 21 % par Donald Trump en 2019. « L’idée est de prendre cet argent et de l’investir dans l’industrie, l’éducation, le système de santé. Ce sont les choses qui comptent pour les familles de la classe moyenne« , a-t-il encore justifié.

Il préserve cependant l’idée chère à Donald Trump de « l’America first » en incitant le gouvernement fédéral à acheter davantage de biens et services auprès d’entreprises américaines. Pour aider les étudiants à surmonter la crise sanitaire, un décret pour mettre en pause le remboursement des prêts étudiants fédéraux a été signé.

Renouer avec l’égalité

Joe Biden tend également la main à une partie de la population très critiquée par Donald Trump : les immigrés. Dès son arrivée au pouvoir, il a annulé le décret qui interdisait aux habitants de pays à majorité musulmanes, de Corée du Nord et du Venezuela de venir sur le sol américain. Ce Muslim ban avait été lourdement contesté par les démocrates et avait fait l’objet de nombreuses contestations judiciaires.

Après de nombreuses controverses et batailles politiques, la construction du mur à la frontière avec le Mexique est suspendue et le budget du Pentagone est clôturé. Le projet de réforme prévoit cependant des fonds supplémentaires pour renforcer la surveillance et les contrôles aux frontières.

Joe Biden offrira notamment aux « Dreamers », ces quelques 700 000 jeunes arrivés clandestinement aux États-Unis, une possibilité de naturalisation à terme. L’ancien vice président d’Obama souhaite également conserver le programme DACA (action différée pour les arrivées d’enfance) de l’ex-président en signant un mémorandum présidentiel. Joe Biden a également décidé d’inclure les étrangers dans le recensement et la composition des représentants au Congrès.

Alors que le mouvement « Black Lives Matter », contre le racisme, a pris de plus en plus d’ampleur en 2020, le nouveau président ordonne aux agences fédérales d’évaluer les inégalités raciales dans leurs programmes politiques. Enfin, il a annulé la commission 1776 signée par Donald Trump en septembre 2020 visant à « rétablir l’instruction patriotique dans les écoles ».

Quelques semaines après son investiture, Joe Biden s’est définitivement mis au travail. Pour le moment, il s’agit surtout d’annuler ou de geler des mesures prises par son prédécesseur, Donald Trump. « Je vais commencer par tenir les promesses que j’ai faites au peuple américain » ambitionne le nouveau président.