La mobilisation contre le coup d’État en Birmanie se poursuit vendredi. Des centaines de milliers de manifestants sont descendus dans les rues, malgré les risques de répression et d’arrestations ordonnées par l’État.
Alors que les rassemblements sont interdits en Birmanie, les opposants au coup d’État du 1er février ont été nombreux vendredi à défiler de nouveau dans les rues. À Rangoun, la capitale économique, une foule composée aussi bien de médecins, de joueurs de foot, d’étudiants que de salariés, défilait sur une des grandes artères de la ville. « Rendez-nous notre gouvernement élu« , « respectez notre vote« , scandaient-ils. Des rassemblements avaient lieu dans plusieurs autres villes, comme à Naypyidaw, la capitale administrative.
Policiers, contrôleurs aériens, enseignants, professionnels de santé, un nombre important de fonctionnaires se sont mis en grève. Des contestataires arboraient sur leur t-shirt un ruban rouge aux couleurs de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d’Aung San Suu Kyi, d’autres brandissaient des portraits de l’ex-dirigeante de 75 ans, détenue au secret depuis 12 jours.
La jeunesse birmane dégaine des ukulélés contre le coup d’état. Fatigués de voir que leurs manifestations n’attirent pas l’attention sur le coup d’état en cours en Birmanie, des jeunes ont décidé de protester autrement… en chantant
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— Les Echos (@LesEchos) February 11, 2021
Le risque de la répression
Les manifestations étaient largement pacifiques mais la tension était palpable. Les forces de l’ordre ont dispersé brutalement un sit-in dans le sud du pays et interpellé au moins cinq personnes. Le chef de la junte, Min Aung Hlain, leur a ordonné jeudi dans un communiqué de reprendre le travail, faute de quoi « des actions efficaces seront prises » à leur encontre.
Près de 250 personnes ont été placées en détention depuis le coup, d’après une ONG d’aide aux prisonniers politiques. Plus tôt dans la semaine, la police a tiré sur des manifestants, faisant plusieurs blessés, dont une jeune femme dans un état critique.
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« Peu importe les menaces«
Pourtant sur place, les opposants au régime sont déterminés. « Nous ne reprendrons le travail que quand le gouvernement civil de Mother Suu Kyi sera rétabli. Peu importe les menaces« , a déclaré à l’AFP Wai Yan Phyo, un médecin de 24 ans. Les témoignages de Birmans inquiets et en colère se multiplient depuis le début du mois.
« Mon mari était en train de faire des points de suture à un patient quand les policiers sont arrivés. Ils ont pointé leur arme sur lui et l’ont forcé à le suivre. On est sans nouvelles depuis« , a raconté à l’AFP Phyu Lae Thu, la femme d’un médecin qui avait rejoint le mouvement de désobéissance civile, lancé dans les premières heures après le putsch.
Alexandre Camino / EPJT avec l’AFP