François Fillon, qui a annoncé sa convocation en mise en examen le 15 mars, a affirmé qu’il «qu’il irait jusqu’au bout». Pourtant, le candidat ne parvient plus à faire campagne. A tel point que sa campagne soit du jamais vu.
Convocation en vue d’une mise en examen, retrait de plusieurs soutiens… Depuis mercredi, François Fillon est de nouveau dans la tourmente. Olivier Rouquan, politologue, constitutionnaliste et auteur de «En finir avec le Président!» (Editions François Bourin), décrypte les conséquences de cette campagne inédite.
L’affaire Fillon prend une tournure qui semble être du jamais vu. Y-a-t-il eu des précédents ?
Ce qui est inédit, c’est qu’un candidat soit à ce point-là gêné dans sa dynamique de campagne. Il est affaibli par cette affaire. Mais il poursuit la même stratégie : jouer la carte de la victime qui est au centre d’un complot. Cette situation de faiblesse favorise des partis comme le FN qui obtiennent la première place dans les sondages.
François Fillon a-t-il encore ses chances de remporter l’élection présidentielle ?
On ne peut pas faire une campagne sur une dynamique défensive comme il le fait. Il ne peut pas se présenter en disant « je suis victime de… ». Lorsque l’on prétend à cette fonction, il faut promouvoir une image et des idées. Il apparaît comme un homme du passé qui est jugé sur ce qu’il a fait il y a 10 ou 20 ans. Il y a une partie des électeurs qui ne supportent plus cette image de la veille politique. Il reste toutefois le candidat de la droite car on ne peut pas demander à un candidat à la fonction présidentielle de renoncer. Seuls les cadres du parti pourraient lui demander de se retirer. En outre, la date des dépôts des signatures est le 17 mars, ce qui paraît très court pour engager un autre candidat.
Que se passera-t-il si François Fillon est mis en examen le 15 mars ?
C’est difficile à dire. Il avait annoncé qu’il renoncerait si cela devait arriver mais il a changé d’avis. Si cela ne va pas au-delà, il n’y a pas de raison de lever son immunité parlementaire. S’il pourra continuer à mener campagne, cette mise en examen sera toutefois mal perçue par l’opinion publique.
Apolline Merle