L’Europe s’arme contre le protectionnisme de Trump

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Donald Trump veut taxer les importations d’acier et d’aluminium, mettant en danger les industries européennes. L’Europe a prévu des mesures pour se défendre.

Une fois de plus, le président américain Donald Trump se met le reste du monde à dos. Cette fois-ci, en imposant des droits de douane s’élevant à 25 % pour l’importation d’acier, et à 10 % pour l’importation d’aluminium.

Cette mesure a pour but de profiter à l’économie américaine en incitant à se fournir auprès d’entreprises du pays. Au détriment de l’industrie européenne. En effet, l’AFP rapporte que les sidérurgistes européens vendent chaque année 5 milliards d’euros d’acier et 1 milliard d’euros d’aluminium aux Etats-Unis, leur troisième marché d’importation.

Ce lundi latin, Emmanuel Macron a dénoncé des mesures « en contravention avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ». Il a encouragé l’Union européenne (UE) à « mener une action auprès de l’OMC » et à « prendre des contre-mesures ». Car pour le président français, Donald Trump cherche le conflit : « C’est du nationalisme économique, et […] le nationalisme, c’est la guerre. »

L’UE a effectivement réagi de son côté, indiquant avoir anticipé le projet de Trump et avoir à son tour préparé « des mesures de rétorsion en taxant des produits » américains, selon l’AFP. Le continent a mentionné les motos Harley-Davidson, le whisky bourbon ou encore les jeans Levi’s.

Trump demande la révision de l’Alena

Vendredi 2 mars, Jyrki Kateinen, vice-président finlandais de la Commission européenne, a révélé à l’AFP que l’UE avait contacté les autres pays concernés par les échanges commerciaux avec les Etats-Unis, dans le but de déposer « une plainte commune devant l’OMC ». L’agence souligne néanmoins que « la procédure prendrait des années ».

Des « mesures de sauvegarde » pourraient aussi être envisagées. C’est-à-dire que l’UE, pour protéger son industrie, restreindrait les importations des produits concernés.

Mais elle pourrait ne pas avoir à prendre ces mesures. Dans un tweet, Donald Trump évoquait la possibilité de revenir sur sa décision, à une condition : que l’Accord de libre-échange canado-américain (Aléna), qui lie les Etats-Unis au Mexique et au Canada, soit révisé. « Le Canada doit bien mieux traiter nos agriculteurs », exige le président américain. Il réclame aussi au Mexique d’ « en faire beaucoup plus pour empêcher les drogues d’inonder les Etats-Unis ». L’AFP indique que la renégociation de l’Alena doit s’achever ce lundi.

 

« Nous avons de gros déficits commerciaux avec le Mexique et le Canada. L’ALENA, qui est en cours de renégociation en ce moment, a été une mauvaise affaire pour les États-Unis, délocalisant massivement des entreprises et des emplois. Les taxes sur l’acier et l’aluminium ne changeront que si un nouvel accord plus juste est signé. »  – Donald Trump, le lundi 5 mars

Dans le cas où Trump maintiendrait sa décision, l’UE pourra se rabattre sur ses autres partenaires commerciaux à travers le monde : le Canada, à qui elle est liée par l’Accord économique et commercial global (CETA) ; ou encore le Japon, avec qui elle a signé un traité de libre-échange en décembre. Par ailleurs, l’AFP annonce que « Bruxelles espère aussi que les accords avec Singapour et le Vietnam entreront rapidement en application, et a annoncé l’ouverture prochaine de discussions avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande. »

Charlène TORRES.