André S. Labarthe, critique de cinéma puis cinéaste à son tour, est décédé lundi soir à l’âge de 86 ans. Il laisse derrière lui une œuvre conséquente.
Critique dans les colonnes des Cahiers du cinéma dès 1956, André S. Labarthe a aussi été réalisateur de films documentaires. Le cinéaste est décédé lundi soir, à l’âge de 86 ans. La Feuille revient de façon non exhaustive sur son œuvre.
Il a écrit sur le cinéma
En 1949, la Revue du cinéma cesse de paraître. Deux de ses rédacteurs, Joseph-Marie Lo Duca et Jacques Doniol-Valcroze, s’associent à un troisième passionné, André Bazin, pour fonder Les Cahiers du cinéma en 1951. Cinq ans plus tard, Bazin fait la connaissance d’André S. Labarthe. Son côté critique le séduit. Il lui propose d’écrire pour Les Cahiers du cinéma.
André S. Labarthe s’intéresse au cinéma émergent. Il promeut la Nouvelle vague, mouvement porté entre autres par Godard, Truffaut, Rivette… Délinéarisation du temps, détail des sentiments, mise en abyme du cinéma, adresses au spectateur caractérisent ce mouvement artistique d’après-guerre.
Il a fait du cinéma
Dès 1964, André S. Labarthe décide de s’emparer de la caméra. Il touche au documentaire, fait du cinéma sur le cinéma, réalise des portraits de cinéastes. Avec Janine Bazin, veuve d’André Bazin, il fonde la collection « Cinéastes de notre temps ». Jusqu’en 1972, plusieurs dizaines d’entretiens avec des réalisateurs contemporains sont diffusés sur l’ORTF. En 1988, la série reprend du service sur Arte, sous le nom de « Cinéma, de notre temps ». John Ford, Alain Robbe-Grillet, Jerry Lewis ou encore Claude Chabrol sont passés au crible.
André S. Labarthe réalise aussi des documentaires indépendants, sur le peintre espagnol Antoni Tapiès ou encore la danseuse Sylvie Guillem. Dans les années 1980, il participe à l’émission « Cinéma, cinémas » sur Antenne 2. Dans les années 1990, il s’entretient avec des auteurs pour l’émission « Un siècle d’écrivains » diffusée sur France 3.
Il est sur tous les fronts
Il ne s’est pas contenté d’écrire sur le cinéma et de réaliser des films. André S. Labarthe figure comme acteur dans un certain nombre d’œuvres de ses contemporains. Souvent, dans des rôles extérieur à l’histoire, dans sa posture habituelle d’observateur. Il est le narrateur de Allemagne 90 neuf zéro de Jean-Paul Godard, en 1991. Il interprète un réalisateur dans L’Amour fou de Jacques Rivette, en 1969. Son premier rôle devant la caméra, en 1962, sera aussi pour Godard. Il est Paul, le mari de Nana, dans Vivre sa vie. L’ensemble de son œuvre lui rapportera le grand prix de la télévision de la Société des gens de lettres en 1984. Les hommages à son égard pleuvent depuis hier soir, et ne devraient pas s’essouffler de sitôt.
Charlène TORRES.