La recherche astronomique se tourne vers le soleil : sortie des premières images d’un télescope terrestre révélant le détail de la surface, lancement d’une nouvelle sonde solaire pour analyser la matière éjectée par l’étoile… les découvertes promettent d’être riches dans les années à venir.
Fin janvier, le télescope Américain Daniel K.Inouye, situé au sommet d’une île hawaïenne du pacifique, a pris une photo inédite de la surface du soleil. Elle capture en détail les bulles de plasma qui évoluent en continu à la surface de l’astre en fusion. “Ces images ont la plus haute résolution jamais obtenue”, explique Thomas Rimmele, le directeur du télescope, à l’AFP. Ce nouvel outil d’observation astronomique, qui a couté 344 millions de dollars, a une ouverture de quatre mètres ce qui fait de lui le plus grand miroir du monde pour un télescope solaire. Après neuf ans de construction, il a été allumé le 10 décembre dernier : ce sont ces premiers résultats.
Sur les images et les vidéos publiées le mercredi 29 janvier, on voit comme des bulles grossir et monter à la surface avant de changer de couleur. Ce sont des bulles de plasma en train de chauffer et de refroidir. Chaque cellule sur l’image est environ de la taille de la France. Mais ces images extraordinaires ne sont que l’introduction aux nouvelles avancées scientifiques à venir sur la compréhension du soleil.
Parker et Solar Orbiter
Deux sondes spatiales foncent actuellement vers notre étoile pour tenter de ramener de nouvelles informations sur sa composition et son fonctionnement. La mission Parker de la Nasa a décollé en Aout 2018 et a approché le soleil au plus prêt, soit environs 8 millions de kilomètres de distance. L’objectif est de comprendre la nature de la matière éjectée, souvent à l’origine de vents solaires qui traversent l’espace jusqu’à la Terre, provoquant – en plus des magnifiques aurores boréales à nos pôles – des pannes d’électricités.
Une deuxième mission solaire vient d’être lancée avec succès : la sonde Solar Orbiter à décollée de Cap Canaveral en Floride lundi 10 février. Ce projet européen de l’ESA (Agence Spatiale Européenne) en partenariat avec la Nasa représente 1,5 milliards d’euro. A bord de la sonde une dizaines d’instruments scientifiques embarqués et des panneaux solaires pour recharger les batteries.
Au plus proche du soleil
Après un passage par l’orbite de Vénus, puis celle de Mercure, le satellite, dont la vitesse maximale atteindra 245.000 km/h, s’approchera à 42 millions de kilomètres du soleil, soit moins d’un tiers de la distance Soleil-Terre. La sonde sera donc “devant” mercure, la planète la plus proche de notre étoile. “Je pense que c’était parfait, tout à coup on a vraiment l’impression d’être connecté à tout le système solaire”, a dit Daniel Müller, du projet ESA, peu après le lancement du vaisseau.
Pour protéger le satellite de la température – proche des 600°C – il a été recouvert d’un bouclier thermique en titane. Contrairement à la sonde Parker, trop proche du soleil pour avoir des outils d’observation directe, Solar Orbiter pourra « voir » l’astre à une distance encore jamais égalée.
Objectif principal de la mission: “comprendre comment le Soleil crée et contrôle l’héliosphère”, soit la bulle de matière entourant tout le système solaire, résume Anne Pacros, responsable mission et charge utile de l’ESA. Le voyage de la sonde durera deux ans et sa mission scientifique entre 5 et 9 ans.
EPJT avec l’AFP