À Minneapolis, Amir Locke, tué par la police ravive le traumatisme Floyd

La mort d’Amir Locke, noir américain abattu jeudi 3 février, rappelle celle de George Floyd et rouvre le dossier problématique de la police américaine. Les mandats permettant à la police d’entrer dans un appartement sans prévenir posent notamment question.

« À un moment, des coups de feu ont été tirés et l’homme adulte a été touché« . D’après un communiqué des autorités, Amir Locke, âgé de 22 ans, a été abattu par la police dans son appartement, précisant que ce dernier est décédé de ses blessures à l’hôpital.

Attention, les images suivantes peuvent choquer.

La vidéo de l’assaut montre les policiers ouvrir la porte du logement avec une clé, entrer et annoncer leur présence avant de s’avancer vers le salon où un homme est allongé sur le canapé, sous des draps. Celui-ci se redresse légèrement, une arme à la main, et un policier ouvre le feu. Les images de la scène ont été publiées, dans la soirée d’hier jeudi 03 février 2021, par la police de Minneapolis, sur demande de la famille du défunt.

D’après le média Star Tribune, les communications radio de la police avant l’assaut suggèrent que celui-ci aurait été mené avec un mandat dit « no-knock« , qui autorise les forces de l’ordre à enfoncer la porte sans s’annoncer. Les policiers ne sont donc pas entrés illégalement dans l’appartement dans lequel se trouvait Amir Locke. Ce raid mortel de la police serait néanmoins, d’après le même quotidien, lié à une affaire en cours dans la ville de St Paul (une ville voisine) qui n’impliquerait pas forcément Amir Locke. 

Une affaire de plus contre la police de Minneapolis 

Un événement tragique qui rappelle ce qui avait secoué deux ans plus tôt la ville de Minneapolis avec le meurtre de George Floyd. Le 25 mai 2020, Derek Chauvin, un agent de la police du département, restait agenouillé sur le cou de George Floyd pendant près de dix minutes, indifférent aux interventions de passants affolés et à la détresse de cet homme afro-américain. La vidéo de la scène avait suscité une vague d’indignation contre les violences policières et le racisme à Minneapolis, mais généralement aux États-Unis. Des manifestations à travers le pays cet été là appelaient notamment à la justice sociale et à la réforme de la police. Une tentative de changement de la police à Minneapolis avait par la suite échoué en novembre. 56% des électeurs avaient rejeté une mesure qui visait à remplacer le service de police de Minneapolis par une agence de sécurité publique. 

Après la mort de Locke, le maire de Minneapolis, Jacob Frey, s’est exprimé dans le New York Times, assumant les problèmes de la ville. Il a notamment déclaré : « notre ville a traversé beaucoup de choses. C’est quelque chose avec lequel je suis aux prises tous les jours, et je sais que les gens de notre ville l’ont aussi. »

Les noirs américains devraient dormir en toute sécurité dans leur lit“

Deux ans plus tard, Ben Crump, avocat qui a défendu la famille Floyd a annoncé défendre la famille d’Amir Locke. « Nous continuerons à pousser pour obtenir des réponses dans cette affaire, afin que la famille d’Amir, en deuil, puisse obtenir une conclusion« , a-t-il affirmé dans un communiqué à l’AFP. 

L’avocat a par ailleurs comparé le meurtre de Breonna Taylor, une ambulancière noire qui a été abattue dans une situation similaire à celle de Locke. Des policiers de Louisville avaient tiré sur elle en mars 2020 lors d’un raid dans sa maison, dans le Kentucky. « Le meurtre tragique d’Amir Locke montre une série de mandats d’interdiction de frapper ayant des conséquences mortelles pour les Noirs américains » a exprimé l’avocat lors d’un discours. « C’est encore un autre exemple qui démontre que nous devons mettre fin à ce genre de mandats de perquisition pour qu’un jour, les noirs américains puissent dormir en toute sécurité dans leur lit » a-t-il ajouté. 

Selon une étude publiée dans la revue médicale médicale The Lancet fin 2021, plus de la moitié de tous les homicides impliquant la police aux États-Unis ne sont pas signalés, la majorité des victimes étant noires. Les recherches révèlent qu’aux États-Unis, entre 1980 et 2019, plus de 55% des décès dus à des violences policières ont été soit mal classés, soit non signalés. Cela représente plus de 17 000 personnes manquantes, sur 30 800 victimes au total. Selon l’enquête, les Américains noirs ont 3,5 fois plus de risques d’être tués par les forces de l’ordre que les Américains blancs.

La mort d’Amir Locke intervient en plein début du « Black History Month » (qui a commencé le 1er février), un mois consacré à la célébration des contributions et réalisations des Noirs, que les États-Unis et d’autres pays mettent à l’honneur.