Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a appelé mardi son homologue syrien Bachar al-Assad après le séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie et fait plus de 17 000 morts. Une conversation inédite entre les deux chefs d’Etat.
Quelques heures après le terrible séisme du lundi 6 février qui a fait plus de 17 000 morts, le président syrien Bachar al-Assad a reçu mardi un appel de son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi qui lui a présenté ses condoléances. C’est le premier contact entre les deux hommes depuis l’accession d’al-Sissi au pouvoir en 2014. « Le président Sissi a appelé le président Assad » et lui a « présenté ses condoléances », affirmant « avoir ordonné d’apporter toute l’aide humanitaire possible à la Syrie », a indiqué Ahmed Fahmy, le porte-parole de Abdel Fattah al-Sissi, dans un communiqué.
La Syrie isolée depuis les printemps arabes
Le président Assad est ostracisé par plusieurs pays arabes depuis que son pays a été exclu de la Ligue arabe fin 2011, après le début du soulèvement populaire contre le régime qui a dégénéré en guerre civile. En 2013, lors de la conférence organisée pour venir au secours des populations syriennes meurtries par la guerre civile, le président égyptien de l’époque, Mohamed Morsi, avait pris la décision de rompre ses relations diplomatiques avec le régime de Bachar al-Assad. Le Caire avait, dès lors, fermé l’ambassade syrienne dans la capitale égyptienne et retiré son chargé d’affaires basé à Damas. L’Égypte avait aussi demandé à la communauté internationale de mettre en place une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Syrie.
La présidence syrienne assure que « le président Assad a remercié l’Égypte pour cette position qui reflète les relations fraternelles entre les deux pays et les deux peuples frères« . C’est la première fois que les deux présidents s’appellent depuis l’élection de M. Sissi en 2014, affirme le quotidien d’Etat égyptien Al-Ahram, alors que M. Assad reste diplomatiquement isolé. Cependant, les relations n’ont jamais été rompues entre Le Caire et Damas malgré la guerre en Syrie, déclenchée par la répression de manifestations anti-régime en 2011 dans le sillage du Printemps arabe qui a renversé le président égyptien Hosni Moubarak.
Un rapprochement déjà amorcé depuis quelques années
En 2016, Le Caire avait soutenu à l’ONU une résolution russe sur la Syrie, mettant en péril ses relations avec son grand allié saoudien. Al-Sissi avait officialisé le soutien de son pays à l’armée de Bachar al-Assad dans sa lutte contre les extrémistes. Un rapprochement stratégique duquel Le Caire attend des retombées économiques. Peu après, le plus haut responsable des services de sécurité syriens, le général Ali Mamlouk, effectuait une visite surprise au Caire, la première rendue publique à l’étranger depuis le début de la guerre en Syrie en 2011. Il est ensuite revenu au Caire en 2018. L’Égypte a toujours plaidé pour « une solution politique » en Syrie, sans jamais évoquer le sort de M. Assad, dont le départ du pouvoir a longtemps été une condition sine qua non pour plusieurs pays arabes.