Assassinat de Jamal Khashoggi: « Le monde n’a encore rien fait »

Hatice Cengiz lors d'une conférence de presse. (Capture d'écran Youtube/ Demirören Haber Ajansı)

Huit mois après l’assassinat de Jamal Khashoggi, sa fiancée, Hatice Cengiz, dénonce l’inaction de la communauté internationale malgré l’émoi. 

«Je n’arrive pas à comprendre que le monde n’ait encore rien fait à ce sujet» a déclaré la veuve du journaliste saoudien, assassiné en octobre dernier à l’intérieur du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, en Turquie. Ces mots, elle les a prononcé avec émotion devant une commission de la Chambre américaine des représentants, dans le cadre d’une audition sur la liberté de la presse dans le monde.

S’il y a eu une enquête, elle n’a rien apporté. Certes, l’Arabie saoudite a condamné des agents saoudiens suspectés d’avoir fomenté et exécuté l’élimination de l’homme critique du régime. Néanmoins, «nous ne savons toujours pas pourquoi il a été tué. Nous ne savoir pas où se trouve le corps», déplore Hatice Cengiz.

Un appel à la justice internationale 

Les autorités américaines ont quant à elles conclu que la responsabilité du meurtre de Khashoggi touchait au plus haut niveau de gouvernement saoudien, bien que Riyad ne cesse de nier la culpabilité du prince-héritier.

Pour autant, la Maison Blanche — comme le reste du monde — ne semble pas vouloir imposer des sanctions exemplaires au royaume saoudien, qui est un partenaire important de l’Occident dans sa guerre contre le terrorisme et surtout un contrepoids face à l’Iran.

De son côté, la veuve du défunt prie les instances internationales de punir l’Arabie saoudite : «Je pense que nous devons choisir entre deux choses ; nous pouvons continuer comme si rien ne s’était passé, ou bien nous pouvons agir, laisser de côté nos intérêts, internationaux comme politiques, et nous concentrer sur les valeurs d’une vie meilleure».

Mobiliser les journalistes

Le 2 avril dernier, au micro de France 24, Hatice Cengiz adressait un message solennel aux journalistes : «Je voudrais, pour que la lumière soit faite sur cet événement, qu’une campagne soit lancée par les journalistes du monde entier, car les valeurs de Jamal sont les valeurs du journalisme dans son ensemble».

En attendant que vérité soit faite, Hatice Cengiz se dit prête à rencontrer Trump pour «lui parler de [sa] relation avec Jamal», sans doute dans l’espoir de le décider à prendre enfin des sanctions envers Riyad.