Aux Comores, le cordonnier qui veut vendre la sandale traditionnelle au monde entier

Moustoifa Ali Djaé dans son entreprise, à Iconi, sur Grande Comore (photo AHA).

Le Comorien Moustafa Ali Djaé est fasciné par la fabrication des sandales du pays, depuis la classe de cinquième. Les nouvelles machines qu’il a commandées et Internet vont lui permettre de développer l’activité de son entreprise :  Djaé Fabrication.

Par AA et AHA

Moustafa Ali Djaé est spécialisé dans la confection et la réparation des chaussures traditionnelles. Ce jeune Comorien de 28 ans est né à Iconi-Bambao, dans le sud-ouest de la capitale de Moroni. Il a été formé par l’un des meilleurs confectionneurs de chaussures, à Iconi, Miandi Soulé.

Un cordonnier ambitieux

Moustafa Ali Djaé a commencé ce métier à l’âge de 15 ans, en classe de cinquième, pour aider ses parents à payer les frais de scolarité, sans imaginer qu’il en ferait sa profession. Mais les longues heures de travail vont peser sur ses études.

Quelques mois après son échec au baccalauréat en 2017, il crée son entreprise qu’il appelle Djaé Fabrication. « Mon échec au baccalauréat m’a poussé à prendre ma vie en main puisque je ne pouvais pas espérer mieux », dit-il.

Pour développer son affaire, ce jeune garçon célibataire part suivre une formation en Tanzanie. Il se bat jour après jour pour montrer son talent à travers le pays. Il a des points de vente à Grande-Comores, Anjouan et Mohéli et des contacts en France.

« La concurrence ne me fait pas peur »

Moustafa Ali Djaé voit grand. Il a mis en place plusieurs gammes de sandales comme Kabaila, Dorosso, Hitswa Daho. Certains clients n’hésitent pas à faire des dizaines de kilomètres pour acheter ses chaussures réputées pour leur qualité et leur longévité. « J’ai plusieurs confectionneurs dans ma région, mais je préfère venir à Iconi, car Moustafa Ali Djaé a beaucoup de talent », assure Illiassa, qui habite Bangoi Hambou.

Pour faire face à la concurrence, le jeune cordonnier essaie de se démarquer. « Contrairement à d’autres confectionneurs qui ne font que copier les autres, moi j’ai mes propres logos. »

Il veut réussir. Pour cela, il travaille dix heures par jour, même le week-end. « Mon entreprise se développe de jour en jour grâce à mes quatre salariés et mes six bricoleurs. » Il attend l’arrivée de nouvelles machines commandées à Dar es Salam, la capitale de Tanzanie. Elles lui permettront de produire 70 à 90 paires par jour au lieu d’un délai d’un mois actuellement.

Il reçoit beaucoup de commandes lors du mois de Ramadan et sur la période de juin à août, grâce aux festivals traditionnels. Il aimerait aussi recycler prochainement ses produits pour répondre à une plus large demande de ses clients.

Une personnalité volcanique

Moustafa Ali Djaé apprécie les choses carrées. « Je m’énerve parfois quand un client met du temps à venir récupérer sa commande à la date prévue, sans me donner d’explication. » Il n’aime pas non plus qu’on lui manque de respect. Mais il partage volontiers son expérience avec toutes les personnes intéressées. Et continue de rêver pour, un jour, à force de travail, conquérir le monde !