C8 et Cyril Hanouna, une histoire d’amour qui coûte cher

C8 écope d’une amende record de 3,5 millions d’euros par l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique). En cause, les insultes proférées à l’égard du député LFI Louis Boyard en novembre 2022 par le présentateur Cyril Hanouna. Cette amende n’est pas la première que reçoit la chaine pour les propos et les actions de l’animateur phare de Touche pas à mon poste (TPMP), émission aux 2 millions de téléspectateurs quotidien.

Durant presque dix minutes, le député LFI Louis Boyard et Cyril Hanouna s’échangent des invectives. Le ton monte ce 10 novembre 2022 dans l’émission Touche pas à mon poste (TPMP), alors que le député est venu s’exprimer sur les 234 personnes à bord du Ocean Viking, qui seront accueillis le lendemain à Toulon. Le sujet brûlant évoqué par l’élu, les condamnations de Vincent Bolloré, l’homme d’affaires à la tête du groupe Canal+, dont la chaîne C8 fait partie. « Abruti », « tocard », « t’es une merde », « bouffon ». Les insultes fusent de la part de Cyril Hanouna. Louis boyard finit par quitter le plateau. Le lendemain de l’émission, la présidente des députés LFI, Mathilde Panot, annonce avoir saisi l’Arcom (Autorité publique française de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), anciennement CSA. Les deux concernés portent plaintes.

L’Arcom a tranché jeudi 09 février en condamnant C8 à payer une amende de 3,5 millions d’euros. Le régulateur des médias a jugé que les propos du présentateur « ont porté atteinte aux droits de l’invité, au respect de son honneur et de sa réputation, en méconnaissance des stipulations de l’article 2-3-4 de la convention du service » d’après un communiqué de l’autorité.

Mise en demeure et condamnations à répétion

C8 est par ailleurs mise en demeure « de se conformer à l’avenir » aux stipulations de la convention de l’Arcom « relatives à l’honnêteté et à l’indépendance de l’information et des programmes qui y concourent ». L’Arcom considère que Louis Boyard a été « explicitement empêché d’exprimer un point de vue critique à l’égard d’un actionnaire du Groupe Canal ». L’émission a déjà écopé de deux mises en demeure : l’une pour publicité clandestine en 2022 et l’autre pour les propos de l’animateur des procès sommaires dans le cas d’affaires similaires au meurtre de Lola en novembre dernier. Les sanctions sont nombreuses à l’encontre de l’émission regardé par près de 2 millions de personnes quotidiennement. La ministre de la Culture, Rima Abdul Malak a jugé, jeudi 09 février, sur France Inter, « inadmissible » l’appel récent de Cyril Hanouna à la privatisation de l’audiovisuel public. Elle rappelle qu’« Il y a déjà eu une vingtaine d’interventions de l’Arcom, depuis 2019, pour C8 et CNews ».

En moins de quatre, l’amende record de 3.5 millions est la deuxième qui depasse la barre des 3 millions. Elle s’était déjà vu infliger une amende de 3 millions d’euros en 2017 pour un canular jugé homophobe sur le plateau de TPMP. La même année, le CSA impose comme sanction une suspension des coupures publicitaires, durant deux semaines, pour deux séquences de TPMP diffusées en 2016. Pour contester ces sanctions, la chaine saisi la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), invoquant l’article 10 de la Convention européenne de sauvegarde des Droits de l’Homme (CESDH), garantissant la liberté d’expression. Hasard du calendrier, la CEDH a débouté jeudi C8 et évoque des « manquements répétés […] à ses obligations déontologiques ». Les enjeux sont grands pour la chaine C8. L’Arcom a la possibilité décider de rompre ou de ne pas renouveler la convention qui autorise les chaînes à émettre.