La nièce du chirurgien est également l’une des plus anciennes de ses victimes. Ce n’est qu’en 2017 que celle-ci comprend avoir été agressée, alors que sa petite sœur avait déjà raconté à sa mère l’agression qu’elle avait subi à l’âge de 9 ans. Elle se confie pour la première fois sur ce qu’elle a vécu.
Joël Le Scouarnec est son oncle. Aujourd’hui âgé de 68 ans, l’ancien chirurgien est incarcéré depuis 2017 pour viol et atteinte sexuelle sur quatre fillettes. Un livre tenu par le retraité, dans lequel il détaille des scènes pédopornographiques sur plus de 200 enfants, avait été retrouvé à son domicile en Charente-Maritime.
La nièce du médecin retraité, ce « monstre dans toute sa perversion », comme elle le rappelle au Parisien, se remémore la force de l’omerta qui sévissait dans sa famille. « Quand ma sœur, à l’âge de 9 ans, nous a dit ce qui lui était arrivé, ma mère l’a tout de suite crue. Elle a en parlé à mon oncle [Joël Le Scouarnec, NDLR], qui a promis de se soigner, puis à sa femme qui semblait déjà être au courant. »
En 2017, une autre victime du chirurgien a alors décidé de parler et de dénoncer les agissements du médecin, alors retraité. À ce moment-là, c’est le soulagement. « Ma première réaction, ça a été « merci, il y a des parents qui ont réagi comme il fallait », a-t-elle encore expliqué au quotidien. » Incarcéré depuis 2017, Joël Le Scouarnec n’a pourtant pas été reconnu coupable de viol, mais seulement d’agression sexuelle. Une qualification des faits qui pose encore problème et ne satisfait pas les victimes. « La requalification pour viol n’a pas été acceptée au procès. Quand on n’est pas entendu au niveau familial, on se dit qu’on le sera par la justice. »
« Si la société ne prend pas des mesures plus radicales, on en sera au même point dans dix ans »
Les récents témoignages qui ont envahi les réseaux sociaux ces dernières semaines, avec le hashtag metooinceste, mais également le récit glaçant de Camille Kouchner dans son livre La Familia Grande, ont montré le besoin d’actions concernant la question de la pédocriminalité. En guise de réponse, le ministre de la Justice entend durcir la loi pour mieux punir les crimes sexuels contre les mineurs. Gérald Darmanin envisage de qualifier de viol les « actes de pénétrations sexuels » d’un adulte sur un mineur de moins de 15 ans. Selon la nièce de l’ancien chirurgien, les mesures sont encore insuffisantes : « Je ne vois que peu de prise de conscience sur l’imprescriptibilité, l’âge du consentement. »
Nejma Bentrad/EPJT