Coronavirus : des journalistes chinois disparaissent

Chen Qiushi est un "journaliste citoyen" qui publie des vidéos sur sa chaîne Youtube pour informer sur l'épidémie de coronavirus à Wuhan. Il a disparu, comme Fang Bin, lui aussi "journaliste citoyen". (Photo : capture d'écran Youtube)

Chen Qiushi et Fang Bin, deux “journalistes citoyens”, ont disparu alors qu’ils couvraient l’épidémie de coronavirus dans la région de Wuhan. Certains accusent les autorités chinoises de vouloir les faire taire, puisqu’ils dénonçaient les manquements du gouvernement.

La mère de Chen Qiushi a déclaré sa disparition le 6 février. Fang Bin, lui, aurait été arrêté le 9 février. Ces deux disparitions interrogent, puisque les deux hommes informaient sur l’épidémie de coronavirus dans la province de Hubei.

Des “journalistes citoyens”

Chen Qiushi est un ancien avocat des droits de l’Homme. Fang Bin était un homme d’affaires. Tous les deux avaient décidé de changer de voie pour devenir journaliste et informer sur l’épidémie de coronavirus. Sans appartenir à une rédaction, ils publiaient leurs contenus sur les réseaux sociaux. Fang Bin a ainsi partagé des vidéos montrant la réalité des hôpitaux surchargés de la ville.

Chen Qiushi avait déjà couvert l’été dernier les manifestations pro-démocraties et antigouvernementales qui sévissent à Hong Kong. A Wuhan, il avait partagé que la couverture médiatique de l’épidémie relevait de sa “responsabilité citoyenne”.

Mais sans le statut officiel de journaliste, aucun ne disposait du certificat officiel requis par le gouvernement pour partager des informations.

Le gouvernement soupçonné

En plus de ses vidéos témoignant de la réalité du quotidien en quarantaine dans les rues de Wuhan, Chen Qiushi avait ouvertement critiqué les méthodes du gouvernement chinois, jugeant dans un parc d’attraction transformé en hôpital que “ces espaces semi-fermés [n’étaient] pas appropriés”. Il avait également insulté le parti unique chinois : “Putain de parti chinois !”. Avec ses 440 000 abonnés sur Youtube, les vidéos du “journaliste citoyens” ne sont pas passées inaperçues.

Plusieurs associations de défense de la presse ont dénoncé la censure pratiquée par Pékin. Le gouvernement chinois n’a pas répondu à ces accusations.

”Les autorités de Wuhan doivent révéler si elles détiennent le journaliste Chen Qiushi. Si c’est le cas, il devrait être libéré immédiatement”, a déclaré Steven Butler, coordinateur du programme Asie au Comité de protection des journalistes, une association américaine.

“La censure, la discrimination, la détention arbitraire et les violations des droits humains n’ont pas leur place dans la lutte contre l’épidémie du coronavirus”, a dénoncé Nichoas Bequelin, directeur régional d’Amnesty International.

Selon Xu Xiaodong, ami de la famille de Chen Qiushi et opposant de Xi Jinping, le gouvernement aurait informé les parents du “journaliste citoyen” qu’il serait en détention “au nom de la mise en quarantaine”, en refusant de déclarer l’endroit où il se trouverait.

Fang Bin avait déjà été arrêté deux fois au début du mois de février, après la publication de vidéos d’hôpitaux de Wuhan. Il avait dénoncé ces interpellations dans une vidéo, expliquant également qu’une femme “vient soi-disant [lui] apporter à manger”. “Ils veulent me mettre en quarantaine”, déclarait-il.

Alice Porcher