Vendredi, Jean-Luc Boch, président de l’association des stations de ski France Montagnes, est revenu sur Europe 1 sur la fréquentation en forte baisse cette année dans les stations de ski. Il alerte sur la situation du secteur.
Le début des vacances de février représente habituellement une période de forte activité pour nos stations de ski. Mais la pandémie de Covid-19 et les mesures de restrictions ont fortement impacté le secteur. Invité vendredi au micro de Sébastien Krebs sur Europe 1, Jean-Luc Boch, président de l’association France Montagnes a fait état de la situation difficile que connaît le secteur montagnard. « Habituellement nous avons une fréquentation entre 90 et 100 % à cette période. Aujourd’hui c’est entre 20 et 50 % » a-t-il expliqué.
L’inquiétude au quotidien
Jean-Luc Boch n’a pas caché son inquiétude. Premier problème, la fréquentation en chute libre. « Ça ne permet pas à l’économie de fonctionner. Il n’y a pas assez de monde pour que tout le monde puisse gagner sa vie et faire fonctionner ses commerces. Sans le ski, la fréquentation est finie. » A ce sujet, les chiffres lui donnent raison : près de 82 % des clients en Savoie viennent pour le ski.
Alors que les remontées mécaniques sont fermées depuis janvier, les professionnels du secteur voient un avenir sombre se dessiner pour leurs activités. La mairie de Val-d’Isère a par exemple expliqué jeudi que « 20 à 30 % des commerces pourraient ne pas se relever« . Un sentiment que partage le président de France Montagnes. « Le modèle économique montagne est presque mis à mort. Si on ne va pas au bout des choses, on perdra jusqu’à 50 % de l’activité. Ça serait dramatique.«
Les stations d’envergure moyennes s’en sortent-elles mieux ?
Les stations leaders du secteur sont celles qui sont les plus impactées. « Le ski c’est encore ce qui fait venir tout le monde à la montagne. » affirme Jean-Luc Boch. En parallèle, les stations plus modestes ou de moyennes altitude semblent mieux s’en sortir. Le maire de Villard-de-Lans reconnaissait, également sur Europe 1 la veille, que la situation dans sa ville était « mieux que prévu« , revendiquant 50 à 60 % de remplissage.
Les vacances d’hiver ont redonné une popularité aux petites stations de ski. Certaines ont décidé de miser sur des activités alternatives, comme les raquettes ou le ski de fond. Un succès qu’a pu constater LCI, parti à la rencontre début février des commerçants de la station des Rousses dans le Jura. Sur place, les hôteliers affichaient un « taux de remplissage de près de 100 %« .
Les mesures gouvernementales remises en question
Les aides d’Etat suffisent-elles pour sauver le secteur ? Jean-Luc Boch en doute fortement. « On a fait qu’une partie du chemin. Mais il y a beaucoup de trous dans la raquette, de professionnels qui ne sont pas indemnisés à la hauteur des pertes » a-t-il lancé avant de poursuivre : « On a oublié certaines personnes. On demande simplement de survivre.«
Mais le président de France Montagnes n’est pas le seul à remettre en cause les décisions du gouvernement. Comme le rapportait un article du Point le 9 février, le département de la Haute-Garonne a récemment maintenu l’ouverture partielle de trois stations de ski du Comminges, en dépit des fermetures sanitaires. « Il faut retrouver le plaisir de la montagne en hiver« , plaidait Didier Cujives, président du comité départemental du tourisme.
De l’espoir pour les vacances d’avril
Malgré ce contexte rude et incertain, Jean-Luc Boch reste confiant quant à la suite de la saison. L’objectif est « d’anticiper » au mieux une potentielle ouverture pour les mois de mars et avril. « L’espoir fait vivre les montagnards. On pense toujours que demain sera meilleur. On fait tout pour. On n’a jamais été aussi prêts, l’intégralité des acteurs du secteur. »
Il a également affirmé que les Français avaient « besoin » du ski. « Il faut penser à autre chose que la Covid-19. » Selon lui, le secteur de la montagne a toujours les faveurs du public : « 40 à 50 % des Français sont allés un jour au ski dans leur vie« .
Alexandre Camino / EPJT