Viols dans l’Eglise : Des Argentins sourds et muets demandent réparation auprès du Vatican

Pope Francis during his visit to Naples, Italy.

Viols, abus sexuels, corruption sur mineurs, mauvais traitements sur des mineurs muets et malentendants. Depuis 2016, l’Argentine est secouée par une affaire de grande ampleur mettant en cause deux prêtres et trois agents administratifs de l’institut Provolo, à Mendoza. Des victimes ont entamé une tournée internationale pour sensibiliser l’opinion publique et demander réparations.

L’Église refuse d’indemniserles victimes argentines. Ces propos sont ceux de l’avocat de la défense, Lucas Lecour.

En début de semaine, certaines des victimes se sont exprimées devant les comités contre la torture et celui des droits des enfants de l’Organisation des Nations unies à Genèvre, en Suisse. D’ici le 22 février, les victimes souhaitent rencontrer le pape Argentin, Jorge Bergoglio – dit François – au Vatican, pour demander justice et réparations.

Pas moins de vingt victimes seraient concernées par ces atrocités. Ezequiel Villalonga, sourd-muet, est l’une d’entre elles et est déterminé à condamner internationalement Horacio Corbacho, 59 ans, Nicola Corradi, 83 ans, et Armando Gomez, 49 ans, entre autres.  Une quinzaine d’accusés seraient encore en attente de procès.

Le jeune homme, désormais âgé de 19 ans, veut dire au pape qu’ils ont “la force nécessaire pour continuer à nous battre pour obtenir justice”.

En effet, l’avocat des victimes, Lucas Lecour, s’insurge : “L’Église refuse d‘indemniser alors que les victimes sont issues des classes les plus pauvres, et ont urgemment besoin de ces sommes pour leurs traitements, notamment psychologiques”.

L’omerta du Vatican

Ezequiel Villalonga a subi ces atrocités entre ses 4 ans et ses 16 ans, alors interne à Provolo. Il raconte : “La vie là-dedans était terrible. On n’apprenait rien, on ne communiquait pas entre nous, on ne connaissait pas la langue des signes. On écrivait sans savoir ce que ça voulait dire, on demandait alors à d’autres camarades mais personne ne comprenait rien.” Une position de faiblesse exploitée par les prêtres et les agents administratifs.

Nicola Corradi n’est pas méconnu au sein du milieu écclésiastique. Italiano-argentino, il exerce à l’institut Provolo de Vérone, en Italie. Il sera transféré à l’antenne de Mendoza en 1998, après avoir été accusé de viols sur mineurs. Jusqu’en novembre 2016 – date de sa détention provisoire – il sera maintenu à la tête de l’institut argentin des Andes. A proximité d’enfants.

L’avocat des victimes accuse alors le Vatican d’omerta. En effet, dès 2014, de potentielles victimes italiennes de viol écrivent une lettre au Pape François. Sans réponse. L’avocat est critique : “Le Vatican n’a rien fait et a attendu les signalements devant la justice argentine en 2016 pour envoyer des enquêteurs.”

Marie Désévédavy