La presse s’oppose au projet E-privacy sur les données personnelles

Le Parlement européen a adopté un projet visant à empêcher la collecte de données personnelles sur internet. Mais c’est en revendant ces dernières aux annonceurs que les éditeurs parviennent à se financer.

Le monde de la presse craint pour sa pérennité sur internet. L’Europe est en train de discuter un projet de loi, déjà adopté par le Parlement, visant à protéger la vie privée des internautes, intitulé « E-privacy ». En jeu, les « cookies », définis par l’AFP comme « ces fichiers invisibles qui se greffent sur un ordinateur pour capter des données personnelles ». Le texte « e-privacy » donnerait la possibilité aux internautes d’accepter ou non ces « cookies » de manière générale pour toutes ses navigations internet. Actuellement, il doit répéter cette manipulation sur chaque site, au cas par cas.

Une cinquantaine d’entreprises européennes du monde de la presse, des télécoms et d’internet, protestent contre ce texte dans une lettre ouverte publiée ce mercredi 7 mars. Pour elles, ces dispositions de suppression des « cookies » « n’offriront pas une protection efficace » de la vie privée et des données personnes de l’internaute.

Un modèle économique

Ces entreprises considèrent au contraire qu’il ne s’agit que de « renforc[er] les positions des acteurs dominants de l’économie de la donnée ». Car, sans « cookies », les informations personnelles de l’internaute sont inaccessibles à l’éditeur du site. Impossible alors de lui adresser des publicités ciblées. Or, c’est par ce moyen que la plupart des éditeurs se financent.

C’est ce qu’explique au journal Le Parisien Denis Bouchez, directeur du Syndicat de la presse quotidienne nationale : « Grâce à ces données, récoltées anonymement, nous pouvons mieux connaître les attentes des utilisateurs. Et cela sert également notre modèle économique, qui nous permet de financer un journalisme de qualité ».

Seuls les « grands acteurs technologiques » comme Google, Facebook ou encore Apple, seraient épargnés. « Du fait de leur position incontournable », ils « pourraient continuer d’imposer leurs conditions d’utilisation » aux utilisateurs, et seraient donc « les seuls à pouvoir accéder aux données de ces internautes »

La Feuille avec AFP