Etats-Unis : le droit à l’avortement en recul sous la présidence Trump

Manifestation pro-life en Dakota du Sud

Depuis la légalisation de l’avortement aux Etats-Unis en 1973, le nombre d’avortements n’a jamais été aussi bas. Le droit à l’IVG semble menacé dans l’Amérique de Donald Trump : aujourd’hui, près de la moitié des Etats fédérés ont adopté des mesures qui restreignent l’accès à l’avortement.

Depuis le mercredi 4 mars, la Cour suprême des Etats-Unis examine une loi de restriction du droit à l’avortement, votée par la Louisiane. Cet Etat conservateur du sud-est des Etats-Unis pourrait fermer deux de ses trois cliniques pratiquant l’avortement. Cet événement témoigne d’un recul régulier de l’accès à l’IVG sous la présidence de Trump, qui a d’ailleurs affiché son soutien à l’Etat de Louisiane.

Pour rappel, deux jours après son investiture, Donald Trump avait bloqué les financements aux ONG abordant la question de l’IVG. De même en 2018, lorsqu’il avait décidé de suspendre les subventions aux centres médicaux qui pratiquent l’avortement. Cette législation inquiète les défenseurs des droits des femmes. De surcroît, Donald Trump a remanié la Cour suprême en y nommant des juges conservateurs, notamment Brett Kavanaugh.

Pourtant, le gouvernement fédéral américain est censé garantir le droit à l’avortement. Les cinquante États ont le droit de légiférer en matière d’avortement, le but étant de protéger la santé de femmes qui ont recours à l’avortement. En revanche il est interdit de créer un « obstacle insurmontable » pour les patientes. Pourtant, certains États conservateurs du centre et du sud du pays remettent régulièrement en cause la loi de 1973.

Offensive anti-IVG

Les législations mises en place par ces Etats très religieux ont conduit à la faillite de nombreux centres de santé pratiquant l’avortement. Actuellement, six États (dont le Mississippi ou le Missouri) ne disposent plus que d’une structure qui pratique des IVG, alors que la Californie en dispose de 150.

Selon l’institut Guttmacher en 2019, les Etats classés “très restrictifs” sur les droits à l’avortement sont : la Géorgie, l’Alabama, le Mississippi, l’Arkansas, le Missouri, l’Indiana, l’Ohio, le Kentucky, le Tennessee, l’Arizona et la Dakota du Sud. L’Etat de Louisiane était catégorisée comme “restrictif”, au même titre que le Texas, Etat où une législation similaire à celle de la Louisiane avait été invalidée par la Cour suprême en 2016.

C’est l’Alabama qui a mis en place la législation la plus répressive aux Etats-Unis. Le 14 mai 2019, cet Etat du sud a voté l’interdiction totale de l’IVG, même pour les victimes de viol ou d’inceste. Si un médecin pratique un avortement, il encourt jusqu’à 99 ans de prison. Ce texte est temporairement suspendu mais témoigne de la sévérité de certains Etats américains sur la question de l’IVG, qui divise le pays.

L’IVG au coeur de la prochaine présidentielle

L’Indiana a quant à lui rendu obligatoire l’enterrement ou l’incinération des foetus avortés. Ces tissus ne sont plus considérés comme des déchets médicaux. La Cour suprême a été saisie et s’est prononcée en faveur de l’entrée en vigueur de cette disposition de la loi. Cela « n’affecte pas le droit des femmes » à avorter, selon la Cour suprême. Cette loi avait été adoptée en 2016 avec le soutien de Mike Pence, actuel vice-président qui était sénateur républicain dans l’Indiana à l’époque. 

Ces États restrictifs sur le droit à l’avortement espèrent un retour sur l’arrêt de 1973  Concernant la Louisiane, la décision de la Cour suprême est prévue pour le mois de juin. Cette décision promet d’alimenter les débats entre les candidats à l’élection présidentielle de novembre. En attendant, Donald Trump compte bien s’appuyer sur son électorat évangélique pour briguer un second mandat.

Rachel Herman