La Haute Autorité de Santé recommande le déremboursement des traitements homéopathiques

Franceinfo a révélé jeudi 16 mai la recommandation de la Haute autorité de santé (HAS) de ne plus procéder au remboursement des médicaments homéopathiques.

Franceinfo a révélé jeudi 16 mai la recommandation de la Haute autorité de santé (HAS) de ne plus procéder au remboursement des médicaments homéopathiques. Cette dernière remet en cause l’efficacité prouvée de ces granules en arguant « un service médical insuffisant ».

Dans un projet d’avis transmis aux laboratoires Boiron, Lehning et Weleda et révélé par Franceinfo jeudi 16 mai, la Haute Autorité de Santé étudie 1200 médicaments homéopathiques. Sa conclusion ? Une efficacité qui laisse à désirer, au-delà de l’effet placebo. Elle conseille donc de ne plus rembourser ces granules, alors que certaines le sont aujourd’hui à hauteur de 30%.

Les laboratoires déplorent une « violation du secret »

Dans la foulée, le laboratoire Boiron a annoncé sa décision de suspendre son cours en bourse, dénonçant une « violation du secret » de la procédure d’évaluation en cours. Dans un communiqué commun avec Lehning et Weleda, il explique qu’un média aurait été « informé de la teneur de cet avis confidentiel », alors qu’eux-mêmes ne l’auraient pas encore reçu. Les fabricants rappellent que « cet avis préliminaire est protégé par la plus stricte confidentialité et réservé aux seuls laboratoires concernés ». De son côté, la HAS a déclaré à l’AFP avoir « envoyé par voie électronique » l’avis préliminaire aux trois laboratoires jeudi, sans en ébruiter le contenu.

L’avis définitif rendu en juin

Face à la montée des tensions et de la polémique entre médecins anti et pro-homéopathique, cet avis avait été réclamé par la ministre de la Santé Agnès Buzin il y a quelques mois. Cent-vingt-quatre médecins avaient notamment relancé le débat l’année dernière en qualifiant les homéopathes de « charlatans ». À la réception du projet d’avis débutera une « phase contradictoire » durant laquelle les laboratoires pourront faire valoir leurs arguments à l’HAS. Ce n’est qu’à la fin de cette phase que la HAS rendra son avis définitif, au mois de juin.

L’inquiétude des industriels

Le risque de déremboursement des médicaments homéopathiques inquiète les laboratoires fabricants, Boiron notamment. Les produits remboursés y représentent 70 % du chiffre d’affaires et « sur 3 600 salariés dans le monde, dont 2 600 en France, ce sont plus de 1 000 emplois qui seraient menacés », selon la directrice du laboratoire, Valérie Lorentz-Poinsot.

Un traitement vraiment crédible ?

L’intérêt médical des traitements homéopathiques est sujet à controverse, pourtant près de 20 millions de Français y ont recours. Pour les opposants, ces médicaments sont une supercherie médicale. Le collectif #Nofakemed, l’un des plus farouches, est à l’origine d’une tribune dans Le Figaro du 19 mars 2018. Les pro-homéopathie quant à eux, s’insurgent. Les granules ne coûteraient selon eux que 130 millions d’euros par an à la Sécurité Sociale, contre 20 milliards pour les médicaments classiques. Il soutiennent également un effet placebo minimum.