La majorité de La République en Marche mise à mal par le 49.3

Après l’utilisation du 49.3 par le gouvernement samedi 29 février pour faire passer sans vote la réforme des retraites, certains députés LREM ont manifesté leur désapprobation, voire quitté le parti. Le parti s’approche dangereusement d’une perte de la majorité parlementaire. 

L’hémorragie repart de plus belle à chaque nouvelle réforme du gouvernement. Après l’utilisation du 49.3 par Edouard Philippe samedi 29 février pour la réforme des retraites, le parti LREM a perdu à nouveau deux députés et un sénateur :  Hubert Julien-Laferrière (Rhône) et Delphine Bagarry (Alpes-de-Haute-Provence), qui ont annoncé leur départ lundi 2 mars, et le sénateur Michel Amiel (Bouches-du-Rhône), qui a quant à lui fait son annonce la veille. La majorité au sein du groupe macroniste, maintenant de 298 députés, est donc passée sous la barre symbolique des 300 sièges. 

Une majorité absolue en péril

Malgré les manœuvres du gouvernement, les départs s’enchaînent, et le parti s’approche dangereusement de la barre des 289 sièges de la majorité absolue à l’Assemblée nationale.  Et cela ne semble pas aller en s’arrangeant, comme l’a expliqué Delphine Bagarry au Huffington Post : « Dans le groupe, l’ambiance est à la déception et à la colère. Personne ne voulait du 49-3. On voulait parler de cette réforme, on voulait défendre certaines dispositions, mais on s’est retrouvés piégés. » Une autre député apparentée LREM, Albane Gaillot, a même voté la motion de censure de la gauche contre le Premier ministre, pour ensuite quitter définitivement le groupe. 

Limiter la casse

À seulement dix députés de la perte de la majorité, le gouvernement commence à prendre très au sérieux ces défections. Selon Le Monde, la direction du groupe LREM à l’Assemblée a établi une liste la semaine dernière d’une cinquantaine de députés susceptibles de partir. Ils comptent ainsi les appeler pour leur proposer de nouvelles responsabilités et ainsi limiter le nombre de départs attendus. 

L’acte II du quinquennat ne tient pas ses promesse pour certains, comme l’explique Delphine Bagarry : «Ma décision résulte de la déception de la trahison des promesses de l’acte II du quinquennat». Pour relancer cet acte II, Jean-Yves Le Diran avait créé avec d’anciens députés PS le mouvement Territoires de progrès début février, afin d’incarner l’aile gauche du parti macroniste. Pour l’instant, les résultats se font attendre, face à des manoeuvres politiques du gouvernement qui divisent profondément le parti.

Victor Dubois-Carriat