Le virus de la tomate fait trembler les producteurs

L’heure est à l’inquiétude pour les producteurs français de tomates : le ministère de l’Agriculture a confirmé le 17 février la contamination de tomates en serres dans le Finistère par le virus ToBRFV. 

Il ne faut pas tomber dans la psychose. Apparu en Israël au courant de l’année 2014, le virus est sans danger pour les humains mais extrêmement virulent pour les récoltes. Il fait peser un risque économique pour la filière.

Les résultats de l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) sur les échantillons prélevés dans des serres du Finistère se sont révélés positifs. Des serres de tomates ont bien été contaminées par le “virus.”

Le Finistère touché par le virus

L’exploitation contaminée dans le Finistère est “assez isolée” (seulement deux serres sont touchées). Tout a été mis en œuvre pour “circonscrire le site, a déclaré Laurent Bergé, président de l’AOP Tomates et concombres de France. “Nous sommes en train de travailler toutes les mesures de bio-sécurité” a-t-il ajouté, évoquant la mise au point d’un plan de surveillance, pour permettre “une veille permanente d’une éventuelle évolution du virus.”

Selon l’Agence de sécurité sanitaire (Anses), ce virus peut infecter jusqu’à 100% des plantes sur un site de production, ce qui le rend redoutable pour les cultures à haute densité de plantation comme les cultures sous serre.

Conséquences économiques néfastes pour les producteurs

Pas d’effets sur l’Homme mais des conséquences économiques non négligeables. Sa diffusion en France “aurait des conséquences économiques majeures pour la filière mais également les jardiniers amateurs”, avait prévenu dimanche 16 février le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume.

“Contrairement à d’autres pays comme les Pays-Bas, nos exploitations sont beaucoup plus dispersées sur le territoire donc le risque de contamination d’une exploitation à l’autre est plus limité”, a ajouté le président de l’AOP Tomates.

“Les emballages et palettes sont vecteurs de la contamination”

“Les emballages et les palettes sont des vecteurs de la contamination du virus. Si on n’arrive pas à contenir la contamination, le risque, c’est que la filière tomates puisse décliner rapidement, il s’agit d’un virus particulièrement virulent” a-t-il ajouté.

Aucun traitement n’existe à l’heure actuelle : “une fois que le virus est sur la culture, on n’a pas d’autre choix que de détruire cette culture”, a rappelé Laurent Bergé, selon qui plus de 1.500 producteurs font pousser le premier fruit consommé par les Français avec un peu plus de 13,9 kg par ménage et par an.

Avec 520 000 tonnes produites en 2019, la France est le cinquième producteur européen de tomates. En l’absence de traitement pour l’éradiquer, seule l’incinération des plants contaminés permet de limiter les dégâts.

Un plan de surveillance nécessaire 

Les conséquences directes sur l’industrie de la tomate sont pour l’heure difficile à prédire. 1 500 producteurs sont “potentiellement” concernés dans par le virus. La profession tente de rassurer les consommateurs, rappelant que le virus est inoffensif pour l’homme.

Un plan de surveillance pour chaque région est en train d’être mis en place par le ministère de l’Agriculture. Des fiches devraient être transmises jeudi 20 février aux producteurs, précisant les mesures de surveillance et de confinement, ainsi que les équipements à adopter tels que des combinaisons de protection.

D’après Jacques Rouchassé, président du centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL), les conséquences peuvent être lourdes sur l’industrie, d’autant que les tomates ont déjà été plantées à partir de décembre. Une baisse de la consommation est à craindre. “Des millions d’euros sont en jeu”, juge-t-il.

Paul Boyer