Les Algériens sortent dans la rue contre l’immobilisme de Bouteflika

Les étudiants algériens manifestant le 26 février 2019 (RYAD KRAMDI / AFP)

Ces derniers jours, les Algériens sortent dans les rues malgré l’interdiction de manifester, en vigueur depuis 2001. Beaucoup de citoyens s’opposent à un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, qui est à la tête du pays depuis 1999.

« Non au 5e mandat ! » Depuis le vendredi 22 février, une partie de la population algérienne manifeste contre le pouvoir prolongé du président Abdelaziz Bouteflika. Élu tous les cinq ans avec une majorité écrasante – jusqu’à 90% des voies en 2009 – dans le contexte de crise actuelle, il est loin de faire l’unanimité parmi ses concitoyens. C’est un président absent qui est dénoncé lors des rassemblements : il n’a pas fait d’allocution au peuple depuis 2012. Depuis son accident vasculaire cérébral de 2013, il se déplace en fauteuil roulant et a des troubles de l’élocution, ce qui lui vaut de nombreuses critiques sur son aptitude à gouverner.

Le mouvement de contestation s’est organisé sur les réseaux sociaux, sur le groupe Facebook Mouwatana, à la suite de la lettre à la Nation du président le 10 février. S’adressant à ses concitoyens, il déclarait que si son état physique s’était dégradé, sa volonté de servir sa patrie restait inébranlable.

La première manifestation, qui s’est déroulée le vendredi 22 février, a étonné tant par le nombre de personnes mobilisées, 20 000 dans tout le pays, que par son aspect pacifiste, seules 41 ont été interpellées et 3 ont été blessées légèrement. Pour autant, l’État a directement pris des mesures pour encadrer ces mouvements : lors du sit-in d’Alger le dimanche 24 février, la ville était quadrillée par des véhicules de police afin d’endiguer tout éventuel dérapage de violence.

Des manifestants de tout bord

Les jours suivants, des catégories précises de la population se sont mobilisées. Lundi 25, des avocats ont occupé le tribunal Abane Ramdane pour dénoncer les forces de police mises en place pour encadrer des manifestants, pourtant pacifistes. Mardi, ce sont les étudiants de la fac centrale d’Algérie qui sont descendus dans la rue, en scandant « Pas en mon nom ! » pour dénoncer les associations étudiantes qui ont déclaré soutenir le candidat Abdelaziz  Bouteflika.

En France aussi, des rassemblements ont été organisés contre le président Abdelaziz Bouteflika. Le 24 février, des centaines de personnes se sont réunies place de la République à Paris, pour montrer leur opposition à l’immobilisme politique qui règne sur l’Algérie.

Tandis que le président s’est rendu en Suisse dimanche pour des examens de santé, confidentiels, le Premier ministre a annoncé lundi que le président ne retirerait pas sa candidature et que seules les urnes pourront trancher le débat.

 

Marine Jamet