Les erreurs de l’anesthésiste de Besançon sont « difficilement crédibles »

Un anesthésiste estime que « le risque est de l’ordre de 1 pour 100 000 à 1 pour 1 million ».

L’anesthésiste de Besançon, Frédéric Péchier, a été mis en examen jeudi 16 mai pour dix-sept nouveaux cas d’empoisonnement, puis laissé libre sous contrôle judiciaire. Le professeur Bonnet, lui aussi médecin anesthésiste, invité de la matinale de RMC ce vendredi 17 mai, s’exprime sur son métier et les pratiques liées à l’anesthésie.

« C’est la première fois que j’entends parler d’une affaire de ce type », explique Francis Bonnet au micro de Jean-Jacques Bourdin à 6h45 vendredi 17 mai, alors que le docteur Frédéric Péchier est accusé de dix-sept nouveaux cas d’empoisonnements. Ces dossiers portent sur des arrêts cardiaques survenus lors de l’intervention chirurgicale, dont sept ont été mortels. Difficile à concevoir pour ce médecin anesthésiste à l’hôpital Tenon à Paris et administrateur de la société française d’anesthésie et de réanimation : « Répéter des dizaines de fois la même erreur, c’est difficilement crédible. »

Il affirme que la procédure d’anesthésie, au nombre de 12 millions par an, est largement sûre et laisse peu de place aux erreurs techniques. « Le risque est de l’ordre de 1 pour 100 000 à 1 pour 1 million », décrypte-t-il. Quant aux effets secondaires, « ce sont des fantasmes, ajoute-t-il. Souvent le patient a plus peur de l’anesthésie que de la chirurgie. »

Trois produits anesthésiants

Les produits anesthésiants ont quant à eux évolué et « correspondent plus à des normes de maniabilité », déclare Francis Bonnet. À ses yeux, le monitorage des patients et l’organisation humaine autour de l’anesthésie se sont aussi considérablement améliorés.

Il existe trois types de produits anesthésiants : les hypnotiques, pour faire dormir, les morphiniques pour soulager la douleur et les curares pour paralyser les muscles. « On les administre par voie intraveineuse, mais il y a une autre manière, par inhalation, en faisant respirer des gaz qui contiennent des agents anesthésiants, ça dépend du patient et du type de chirurgie. »

10 000 médecins anesthésistes en France

Ce qui importe aux yeux du docteur Bonnet, c’est le contact avec le patient, car l’anesthésie, « c’est tout un processus : il y a d’abord l’évaluation des patients dans le cadre d’une consultation, puis le bloc opératoire et enfin ce qui se passe après ». Le métier d’anesthésiste, « c’est une spécialité qui demande beaucoup de bras », ajoute le docteur.

Or, la France connaît une pénurie de médecins en général et donc d’anesthésistes. Ils sont près de 10 000 en France. Pourtant Francis Bonnet relativise : « La démographie médicale et anesthésiste en particulier est en augmentation donc les choses devraient se corriger dans les années à venir. »