Les réfugiés syriens, un dilemne libanais

De nombreux libanais expriment leur exaspération face aux réfugiés syriens qui présentent aujourd’hui plus du quart de la population, qui compte 4,6 millions d’habitants.

Au Liban, les Syriens vivent au cœur des villes comme dans les campagnes. Les hommes trouvent des emplois en général dans les secteurs de construction et d’agriculture, ils travaillent en tant que concierges, voituriers,  serveurs ou garçons de café… Les premières années, les employeurs libanais ont accueilli à bras ouverts cette main d’œuvre. Désormais, les mêmes s’inquiètent de ne plus trouver d’emplois pour leurs enfants.

En effet, les Syriens au Liban acceptent de travailler pour un salaire minime en retour, si bien qu’il n’y a plus beaucoup des offres d’emplois disponibles pour les citoyens libanais. Le 10 octobre 2018, le directeur général de la Sûreté, le général Abbas Ibrahim, a affirmé que le Liban accueille environ 1,3 million de réfugiés syriens. Cette population importante au Liban risque de déstabiliser un pays déjà fragile. Elle affecte plusieurs domaines dans le fonctionnement du pays, parfois aussi pragmatiques que les embouteillages ou la sécurité des personnes et des biens, marché de l’emploi.

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Si les Libanais se sentent victimes de cette présence des réfugiés, les Syriens, de leur côté, sont victimes de discriminations.  Les enfants syriens, quand bien même ils sont scolarisés dans les écoles publiques du pays, ont très souvent du mal à se lier avec des amis libanais et peuvent se sentir rejetés de la société. La manière dont les Libanais perçoivent les réfugiés rend encore plus difficile l’adaptation des Syriens et leur complète intégration, notamment pour ce qui concerne le marché de l’emploi, pour lequel les Libanais sont tentés parfois d’accuser les Syriens de venir prendre leur place.

Il n’en demeure pas moins que certains responsables politiques libanais évoquent des bénéfices à la présence des Syriens dans le pays. Le sujet est donc une constante source d’affrontements politiques et de tensions dans l’opinion. Ce véritable dilemme qui traverse la société libanaise, de culture particulièrement hospitalière, devrait prendre encore beaucoup de temps avant d’être réglé. Car ce qui est le plus affecté par la présence de réfugiés en très grand nombre au Liban, ce n’est pas tant la situation économique que l’ensemble mentalités.

Maria Sabbagh