Lumière sur le sexisme dans la télé-réalité

Le HCE a passé au crible des épisodes de trois programmes : Les Marseillais VS. Le Reste du Monde, Les Anges de la Téléréalité et Koh-Lanta. Le bilan est sans surprise : la télé-réalité est «pourvoyeuse de sexisme».

Le rapport met en avant des pratiques courantes dans ces émissions. La sexualisation des candidates est pointée du doigt comme l’explique le Haut conseil à l’égalité (HCE) : « La télé-réalité montre au public des femmes sexualisées, même dans des contextes qui ne s’y prêtent pas ordinairement ». Ce mécanisme est guidé «par la recherche du male gaze» selon les autrices du rapport qui regrettent ainsi que soit imposé au public un regard d’homme hétérosexuel.

Des mécanismes sexistes répandus

Dans deux des programmes étudiés, les candidates apparaissent au moins une fois par épisode à moitié dénudées. Le conseil fait état d’une culture viriliste qui insiste sur la force physique de l’homme au détriment de la femme qui perd régulièrement les épreuves sportives. Les femmes sont souvent associées à des stéréotypes: « bimbo », « fille facile », « tentatrice ». De la même manière, les femmes sont souvent associées au champ lexical de la faiblesse et des injures sexistes telles que « pute » ou « ta mère  » sont régulières.

Lorsque les hommes sont la cible d’insultes, elles remettent en question leur virilité. La télé-réalité pose aussi la question du consentement et de la pression imposée autour des relations sexuelles. Le rapport évoque le cas d’une candidate réprimandée parce qu’elle refuse d’avoir des rapports sexuels avec son petit copain.

Une charte pour encadrer les émissions 

Après analyse, le rapport préconise aux chaînes concernées, qui diffusent une vision caricaturale des femmes «en toute impunité», l’établissement d’une charte d’engagement avec le CSA. Le HCE alarme quand à l’audience particulièrement jeune de ces programmes. Le public de 4 ans et plus passe 55% de son temps de télévision à les suivre. Les groupes TF1, NRJ et M6 ont «affirmé veiller à éviter de recourir trop fréquemment aux clashs, aux scènes violentes ou empreintes de stéréotypes sexués».

La productrice de l’émission Koh-Lanta, Alexia Laroche-Joubert, a dénoncé la « partialité » du rapport et s’est déclarée «extrêmement énervée qu’on compare un jeu d’aventure familial diffusé en prime-time avec de la télé-réalité de séduction diffusée à 18h pour des ados». Elle a également pointé du doigt que les tenues des candidates ne sont pas choisies par la production et que les femmes sont libres de décider. Cette polémique intervient alors qu’est apparu cette semaine la nouvelle émission e télé-réalité interactive «Love Island» présentée par Nabilla sur Prime vidéo.

Lise Lacombe