Alors que Mayotte est paralysée depuis une dizaine de jours par des mouvements de contestation contre l’insécurité, les maires de l’île ont décidé de fermer leur hôtel de ville par solidarité.
La colère gronde dans le 101e département français et elle n’est apparemment pas prête de s’arrêter. Alors que Mayotte entame sa troisième semaine de grève générale contre l’insécurité, les élus locaux ont fait savoir qu’ils soutiennent les vagues de contestations.
Les maires des 17 communes de l’île ont pris la décision de fermer tous les hôtels de ville de Mayotte et ce, de “manière illimitée”. Cette décision a été prise suite au Conseil départemental qui s’est tenu le lundi 5 mars.
Les élus doivent rencontrer les membres de l’intersyndicale à l’origine du mouvement de contestation. Ils envisagent également de descendre dans la rue ce mardi. Les élus ont expliqué qu’ils ne lâcheront rien jusqu’à ce que le président de la République ou le ministre de l’Intérieur se déplace sur l’île.
Depuis le 20 février, les barrages routiers, les opérations escargot et les liaisons maritimes fermées bloquent l’île. Les manifestations sont devenues quotidiennes. A l’origine de la grogne ? La lutte contre l’insécurité et la violence qui gangrène l’île.
Des promesses de l’Etat critiquées
Si aucun membre de l’exécutif ne s’est encore rendu à Mayotte, l’État a tout de même pris des engagements. Face aux protestations, la ministre des Outre-mer a tenté d’apaiser les tensions fin février.
Dans un tweet, Annick Girardin a expliqué que l’État allait renforcer la sécurité à Mayotte avec l’arrivée de deux pelotons de gendarmeries mobiles, la création d’une zone de sécurité prioritaire et d’une brigade de prévention de la délinquance juvénile. Concernant la police de sécurité du quotidien, 20 gendarmes de plus y seront déployés.
L’Etat renforce les effectifs de sécurité à #Mayotte: arrivée de 2 pelotons de gendarmeries mobiles cette semaine, création d’1 zone de sécurité prioritaire, 1 brigade de prévention de la délinquance juvénile et déploiement de la #PoliceSécuritéQuotidien avec 20 gendarmes de plus
— Annick Girardin (@AnnickGirardin) 28 février 2018
Toujours dans la rue, les manifestants n’ont pas été convaincu par cette annonce. Sur France Info, Soufiani Malide, membre du collectif des citoyens de Mayotte, a expliqué que les propos de la ministre était du « foutage de gueule » : « ils nous disent qu’ils vont renvoyer des renforts mais ce sont des renforts ponctuels. Il nous faut des renforts permanents qui vont être là pour surveiller. »
Si le taux de délinquance a baissé de 9% 2017 par rapport à l’année précédente, en particulier sur les atteintes aux biens et à l’intégrité physique, une partie des Mahorais estime que les chiffres ne reflètent pas la réalité. « Le taux n’a pas baissé, c’est le nombre de gens qui vont porter plainte qui a baissé, parce que les gens en ont marre de porter plainte. »
Laurent Wauquiez en visite sur l’île
En déplacement sur l’île depuis lundi, le président du parti Les Républicains, Laurent Wauquiez, estime qu’Emmanuel Macron a abandonné Mayotte.
Pour cette première visite hors-métropole et après avoir passé trois jours à la Réunion, Laurent Wauquiez a également critiqué les annonces du gouvernement pour ramener plus de sécurité sur l’île : « Une dizaine de renforts supplémentaires pour assurer la protection des frontières contre l’immigration illégale, devenue totalement immaîtrisée ? Une vingtaine d’effectifs à peine de gendarmerie (…) ? (…) Je pense que ces gens-là ne mesurent pas la situation extrêmement difficile dans laquelle est plongée l’île.»
Laurent Wauquiez s’est aussi exprimé sur l’immigration illégale qui, selon lui, submerge Mayotte : « On ne peut plus continuer à accueillir à Mayotte autant de personnes qui viennent de l’ensemble des Comores et de toutes les îles qui sont autour. Et le devoir de la République, c’est d’abord de s’occuper des siens. »
Laurent Wauquiez a profité de cette visite pour soutenir son candidat pour la députation alors que des législatives partielles sont organisées le 18 et le 25 mars. Le conseil constitutionnel avait invalidé l’élection du candidat La République en marche. Les Mahorais profiteront-ils des urnes pour faire passer un message au gouvernement ? Affaire à suivre…
Laure Le Fur