Scandale Orpéa : le groupe français dans la tourmente

Le groupe Orpéa, leader mondial des Ehpad, a été convoqué par le gouvernement pour répondre aux accusations auxquelles il fait face. La décision intervient après la parution du livre Les fossoyeurs qui met en lumière des dysfonctionnements au sein de ses établissements.

Le groupe français Orpéa, qui gère près de 1 200 établissements en Europe et en Amérique latine publication, est dans le viseur du gouvernement depuis la parution de l’enquête du journaliste d’investigation Victor Castanet, Les fossoyeurs. Dans le livre, témoignages et documents font notamment état de rationnements de nourriture et de produits d’hygiène au détriment des personnes âgées prises en charge dans les maisons de retraite du groupe.

Si la direction d’Orpéa a remis en cause ces accusations à plusieurs reprises, cela n’aura pas suffit à désamorcer la bombe. Mercredi 26 janvier, la ministre déléguée chargée de l’autonomie Brigitte Bourguignon a annoncé sur RMC lancer « une enquête flash ». La direction du groupe va également être convoquée pour des « explications ». « Nous avons déjà demandé à l’ARS [agence régionale de santé] d’Ile-de-France le rapport d’inspection du contrôle inopiné mené en 2018 et les suites apportées aux recommandations faites ensuite », a-t-elle précisé dans un communiqué.

Dans la foulée, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a jugé les révélations « absolument révoltantes ». Il a également affirmé que les faits, s’ils sont avérés, devront être « sanctionnés avec la plus grande sévérité ».

Les Ehpad, même privés, bénéficient d’importants financements publics de la part de l’État et des conseils départementaux. Le gouvernement veut donc faire la lumière sur ce scandale. Olivier Véran a annoncé à l’Assemblée nationale que le gouvernement avait saisi Orpéa à la suite d' »allégations graves ». Une enquête de l’Inspection générale sur l’ensemble du groupe pour vérifier les procédures en vigueur et connaître les conditions avec lesquelles ils prennent en charge pourrait également être lancée a ajouté le ministre des Solidarités et de la Santé.

Moins 16 % en bourse

L’affaire a également eu des conséquences financière pour le groupe dont le titre a perdu plus de 16% à la Bourse de Paris, avant que sa cotation ne soit suspendue, à la demande de la société. Orpéa se trouve dans une position inconfortable, en particulier au regard de tous les investisseurs qui adoptent une approche ESG où la gestion du capital humain est primordiale.

Si le livre de Victor Castanet ne concerne que le groupe Orpéa, d’autres gestionnaires privés de maisons de retraite ont également fait les frais de cette polémique. Le titre Korian a perdu plus de 14% et celui de LNA santé plus de 5%. Dans un communiqué, Brigitte Bourguignon a rappelé que les autres groupes n’étaient par concernés par le scandale. « Il s’agit d’un seul groupe et d’un établissement en particulier. Je ne voudrais pas qu’on fasse des généralités. »

Groupe 2 / Charlotte Morand