Tunisie : un enquêteur de l’ONU détenu pour cause d’espionnage

Les autorités tunisiennes ont confirmé l'arrestation de M.Kartas, soupçonné « d'espionnage au profit de parties étrangères ».

Chargé d’enquêter sur les violations de l’embargo sur les armes frappant la Libye, un enquêteur de l’ONU est détenu en Tunisie depuis mardi 26 mars. 

Depuis mardi dernier, Moncef Kartas, chargé d’enquêter sur le non-respect de l’embargo sur les armes frappant en Libye, est détenu par les forces tunisiennes selon les dernières révélations du titre Univers News. Cet expert de la gouvernance sécuritaire et membre du panel d’experts du comité des sanctions sur la Libye serait accusé d’espionnage par le gouvernement tunisien. 

L’immunité diplomatique remise en cause 

En temps qu’expert mandaté par l’ONU, M.Kartas était censé bénéficier de l’immunité diplomatique. Seulement dès son arrivée à Tunis l’enquêteur s’est fait interpeller par les autorités, selon un porte-parole de l’ONU à l’AFP. Raisons invoquées : « des documents secrets contenant des données détaillées sensibles susceptibles de porter atteinte à la sécurité nationale ont été saisis, ainsi que des équipements techniques interdits dans notre pays [Tunisie, ndlr], qui peuvent être utilisés pour brouiller ou intercepter des communications ».

Dans un rapport de 2017 co-signé par M.Kartas, le groupe d’experts avait déjà souligné que « des armes et des munitions continuaient d’être livrées aux différents belligérants (en Libye), avec l’implication d’États membres » de l’ONU.

Très vite, l’ONU n’a pas attendu pour s’emparer de la question et demander des explications à Tunis. L’ONG Human Rights Watch appelle dans un communiqué la Tunisie à « expliquer immédiatement cette arrestation choquante de M.Kartas » et à « lui permettre d’avoir accès à un avocat », rappelant que le pays est dans l’obligation de coopérer avec les enquêtes du comité d’experts de l’ONU.

Louise Gressier