Ukraine : Moscou et Kiev dos à dos au lendemain de la réunion de Normandie

Un jour après la réunion dite de « Normandie », la tension ne redescend pas entre la Russie et l’Ukraine. Ce matin, Kiev s’est déclaré prêt à « utiliser » le hard power contre son voisin russe. Le secrétaire d’État américain Anthony Blinken s’est lui déclaré inquiet pour la « sécurité et l’économie mondiale« .

Ce jeudi 27 janvier, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a indiqué que les États-Unis n’avaient pas donné de « réponse positive à la principale » revendication russe concernant la fin de l’élargissement de l’Otan, en particulier à l’Ukraine. « Il y a une réaction qui permet d’espérer le début d’une conversation sérieuse sur des questions secondaires« , a tout de même noté M. Lavrov dans un communiqué. Depuis plusieurs semaines, les tensions à la frontière entre les deux pays ne cessent de s’accentuer. La Russie, qui dit craindre pour la sécurité de son pays, a massé 100 000 soldats aux portes de son voisin.

« C’est l’heure d’utiliser le hard power »

Par la voix de Dmytro Koubela, chef de la diplomatie ukrainienne, Kiev a affirmé de son côté que « la Russie [devait] faire des concessions« . En outre, le ministre ukrainien a renouvelé son appel à aider son pays en armes défensives et soutiens financiers. « Si je suis un grand partisan du soft power, c’est l’heure d’utiliser le hard power« , a-t-il affirmé. « Une Ukraine forte est en soi la meilleure mesure de dissuasion« , a insisté M. Kouleba, louant au passage l’engagement danois à ses côtés. La diplomatie du pays scandinave a annoncé jeudi sa décision d’allouer près de 80 millions d’euros d’aide à l’Ukraine.

Blinken inquiet pour la « sécurité et l’économie mondiales« 

Hier, les conseillers des présidents français Emmanuel Macron, russe Vladimir Poutine, ukrainien Volodymyr Zelensky et du chancelier allemand Olaf Scholz se sont entretenus pendant plus de huit heures à l’Elysée des moyens de relancer le processus de paix en Ukraine. Après avoir refusé pendant des mois de se réunir dans ce format quadripartite (dit « Normandie ») – la dernière réunion de « Normandie » remonte au 17 septembre 2021 – les Russes ont marqué leur « réengagement dans le processus« , a estimé Paris.

Inquiet, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré dans la nuit de mercredi à jeudi à son homologue chinois qu’une agression de la Russie contre l’Ukraine menacerait « la sécurité et l’économie mondiales ». « La désescalade et la diplomatie représent[ent] le chemin responsable« , a déclaré le porte-parole du département d’État, Ned Price, à la suite de l’appel téléphonique entre M. Blinken et son homologue chinois Wang Yi.

Le négociateur russe a quant à lui insisté sur le fait que la situation dans les régions séparatistes de l’Ukraine et les tensions à la frontière étaient « deux choses différentes« . Moscou réfute toute intention d’attaquer l’Ukraine mais demande des garanties que ce pays ne rentrera jamais dans l’Otan. Pour l’Ukraine, tout dialogue direct avec les séparatistes, ce que demande Moscou, est une « ligne rouge », a rappelé l’Elysée.

Les quatre conseillers ont convenus de se réunir à nouveau dans deux semaines à Berlin pour approfondir leurs discussions. Si Dmytro Koubela a salué une « bonne nouvelle » concernant la poursuite des discussions russo-ukrainiennes sur le processus de paix début février à Berlin, il a reconnu que la rencontre d’hier à l’Élysée n’a « rien changé » sur le fond.