Ce vendredi, la maison Artcurial propose à la vente la Matra MS670, victorieuse des 24 Heures du Mans 1972 aux mains d’Henri Pescarolo et de Graham Hill. Cette pièce automobile d’exception pourrait filer hors des frontières.
La vente aux enchères de la mythique Matra MS 670 se déroule ce vendredi à partir de 16 heures à Paris, par le groupe Lagardère. La mise à prix de cette voiture emblématique est estimée entre 4 et 7,5 millions d’euros.
La voiture apparaît comme le lot numéro cinq de cette vente organisée par la célèbre maison parisienne Artcurial.
Une vente contrainte pour éponger une dette
Cette mise aux enchères suscite toutefois un tollé. Henri Pescarolo, joint par France Bleu ce jeudi, se dit « scandalisé » par cette vente, mais ne souhaite pas communiquer davantage.
Pour Pierre Bertoux, syndicaliste CGT et ancien de « Matra Romo » : « La position de Largardère (propriétaire de la voiture, NDLR) est inadmissible, c’est un coup de poignard dans le dos des salariés qui l’ont fabriquée et ont participé à l’image que cette voiture a donné au groupe Matra ! Il y a une responsabilité du politique« .
Cette vente est en réalité contrainte par la situation économique du groupe. Arnaud Lagardère, fils de Jean-Luc, PDG de Matra et créateur de la marque automobile, a perdu un procès en début d’année.
En dépit de l’octroi d’un prêt garanti par l’État
Le 31 janvier 2020, la cour d’appel de Bourges a en effet condamné le groupe Lagardère à verser plus de 4,2 millions d’euros à 296 anciens salariés de l’usine Matra de Romorantin. Le tribunal a estimé que leur licenciement en février 2003 était « sans cause réelle et sérieuse« .
Pour se libérer de cette dette issue de la période Matra, Arnaud Lagardère a donc pris la décision de mettre aux enchères… la Matra de 1972. Pourtant, dans le même temps, le groupe Lagardère reçoit un prêt de 465 millions d’euros dans le cadre du prêt garanti par l’État face à la crise du Covid-19.
Depuis l’été dernier, la célèbre Matra MS 670 a en tout cas quitté les allées du musée éponyme à Romorantin, dans le Loir-et-Cher. Au-delà du monde automobile, c’est toute une ville qui craint un départ de la précieuse pièce de collection à l’étranger.
Alexis GAUCHER