Le calme est revenu au Bénin jeudi soir après deux jours de violentes manifestations post-électorales, réprimées par des tirs à balles réelles, et qui ont fait au moins deux morts.
« On n’a pas peur de la mort, un jour on mourra. La démocratie nous est chère, à nous peuple béninois », a déclaré un manifestant à l’AFP. Cette déclaration témoigne de la tension qui règne au Bénin après des élections législatives contestées.
Le pays a voté dimanche pour élire ses 83 députés, parmi les candidats de deux partis proches du pouvoir. Ces élections ont été marquées par une absence de l’opposition qui n’a pas été autorisée à présenter de candidats et par un important taux d’abstention. Peu après l’annonce des résultats provisoires, des violences ont éclaté mercredi après-midi.
Une femme est morte des suites de ses blessures jeudi matin à l’hôpital de Cotonou, la capitale économique et politique. Dans le nord du Bénin, à Kandi, un jeune homme a également été abattu par des tirs de l’armée mercredi soir.
Un virage autoritaire
Le président Patrice Talon est accusé d’opérer un tournant autoritaire dans son pays, jusqu’alors un modèle de la démocratie en Afrique de l’Ouest. Les Nations unies ont dit « suivre de près la situation au Bénin », via leur porte-parole à New York, Stéphane Dujarric. Deux anciens chefs de l’Etat, Boni Yayi (2006-2016) et Nicephore Soglo (1991-1996), avaient appelé le président a annulé ce scrutin, qu’ils qualifient de « coup d’Etat électoral ».
« Le taux de participation (…) est de 27,1% « , a déclaré jeudi soir Joseph Djogbenou, le président de la Cour Constitutionnelle. Le fort taux d’abstention, le plus haut dans l’histoire du Bénin, est considéré comme un désaveu du chef de l’Etat même s’il est assuré de voir les partis proches du pouvoir remporter la majorité au Parlement.
« Considérant des irrégularités et des perturbations (pendant le vote), elles ne sont toutefois pas de nature à compromettre la validité et la transparence du scrutin », a ajouté ce proche du président Talon.
Le calme est revenu jeudi soir dans les rues du pays. Mais les tensions n’ont pas disparues : « Talon marchera sur nos corps » avant d’entériner la composition du nouveau Parlement, avait averti l’ancien président Boni Yayi en début de semaine.
Nathan Vildy (avec AFP)