Ils se sont tous levés pour applaudir. Après l’engouement provoqué hier soir par la projection de Love, le film pornographique de Gaspard Noé, le festival retrouve peu à peu son calme. Six ans après Un Prophète en 2009, le réalisateur Jacques Audiard fait son grand retour sur la Croisette avec Dheepan, une histoire d’exil et d’amour mettant en scène un jeune Sri Lankais ayant atterri dans une cité parisienne, après avoir fui la guerre civile. Avec cette adaptation moderne des Lettres persanes de Montesquieu, le Français compte bien prendre sa revanche à Cannes, après que son film De Rouille et d’Os a été snobé par le jury il a 3 ans. “C’était intéressant de faire entrer le conflit tamoul dans une fiction. Et c’était le seul geste politique», a déclaré le cinéaste lors de la conférence de presse.

Face à lui, le Taïwanais Hou Hsiao-Hsien avec The Assassin (photo). Après des années d’exil, Nie Yinniang revient chez elle en Chine. Initiée aux arts martiaux, elle est désormais devenue une justicière, avec pour seule mission de tuer le gouverneur Tian Ji’an, dont elle est amoureuse. Nie Yinninag devra choisir entre sacrifier l’homme qu’elle aime ou rompre pour toujours avec “l’ordre des assassins”. Avec cette fresque romanesque sur fond d’arts martiaux, le cinéaste taïwanais revient à Cannes, 22 ans après son film Le maitre des marionnettes, lauréat du jury en 1993. The Assassin rejoint Mountains May Depart et Notre petite soeur, les deux autres films asiatiques sélectionnés parmi les dix-huit longs métrages en lice pour la Palme d’or. Projeté une première fois mercredi soir, le film divise déjà les critiques. Alors que certains acclament des « scènes de combat d’une virtuosité incroyable” et une “réalisation sublime”, d’autres y voient un “conte médiéval assez incompréhensible”.

Créé en 1978 par Gilles Jacob, le prix Un Certain Regard récompense des cinéastes encore méconnus. Avec Le Trésor, présenté ce soir au jury, le réalisateur roumain Corneliu Porumboiu tentera de se démarquer des 20 autres longs métrages sélectionnés.

Deja omniprésent dans Valley Of Love, projeté vendredi prochain dans le cadre de la sélection officielle, Gérard Depardieu sera sur les écrans dès ce soir dans un documentaire consacré à sa carrière, intitulé Gérard Depardieu. En remontant jusqu’à l’enfance de l’acteur, le réalisateur Richard Melloul a voulu dresser le portrait “d’un monstre sacré devenu provocateur et que l’on ne prend plus au sérieux”.

Lucas Barioulet