Raymond Kopa, du fond de la mine au sommet du football

Kopa et son ballon d'or

Il aura marqué l’histoire du football. Le milieu de terrain offensif Raymond Kopa s’est éteint ce vendredi à l’âge de 85 ans. La rédaction vous propose de découvrir cinq facettes plus ou moins connues du premier Ballon d’Or français.

Raymond Kopa s’est éteint. Ses dribbles chaloupés et son Ballon d’or, eux, resteront gravés dans l’histoire du football français et dans les esprits de toute une génération. Pour que les plus âgés se rappellent aux bons souvenirs et pour que les plus jeunes comprennent qui il était, La Feuille a sélectionné cinq épisodes de la riche histoire du milieu de terrain.

Le foot pour échapper à la mine

Issu d’une famille de mineurs, Raymond Kopa a travaillé comme mineur de fond dans le nord de la France de 14 à 17 ans. A 16 ans,  il est victime d’un éboulement, ce qui lui vaut d’être amputé d’une phalange à l’index gauche. « J’ai perdu un doigt. J’aurais pu en perdre cinq, j’ai eu cette chance », racontait-il dans un entretien sur la chaîne Youtube de la Fédération française de football en mars 2013. Après avoir envisagé de se reconvertir comme électricien, il décide de se consacrer à sa passion, le football.

Kopa au club d’Angers

Cette année-là, il est recruté dans son premier club en amateur dans sa ville natale, l’US Nœux-les-Mines. Celui qui à l’âge de 8 ans a crée sa propre équipe de football de rue avec d’autres joueurs polonais, italiens et français, fait vite ses preuves. Il est repéré par le SCO d’Angers, alors en seconde division, où il passe deux saisons.

« J’étais content de trouver le SCO d’Angers pour m’échapper de la mine. Dans la mine, je travaillais à 612 mètres de profondeur. Heureusement que le football était là. »

De Kopaszewski à Kopa

Au SCO d’Angers, le jeune joueur dont le père, polonais, est arrivé en France à l’âge de 13 ans pendant la Première Guerre mondiale, modifie son nom de famille. Il passe ainsi de « Raymond Kopaszewski » à « Raymond Kopa » sur les conseils de son entraîneur Camille Cottin qui trouve que « cela sonne bien et se retient mieux« . « Tout jeune, les gens m’appelaient Kopa. C’était la facilité, sans doute, y compris pour les maîtres d’école. Kopa a toujours été utilisé, et aujourd’hui, bien sûr, encore plus« , racontait-il à l’Equipe en avril 2015. C’est même gravé sur sa carte d’identité : « Kopascewski dit Kopa ».

Kopa (2e en bas à gauche) lors de son premier match en équipe de France contre l’Allemagne en 1952

 

Il n’a « pas eu de chance » avec les Bleus en 1958

Lors de la Coupe du monde 1958, il termine troisième avec l’équipe de France qu’il a intégrée en 1952. Une position qui n’était pas à la hauteur de ses ambitions : « C’est pas mal. D’autant plus que les journalistes ne donnaient aucune chance à cette équipe de France. Mais troisième, ce n’était pas notre place. On était plutôt deuxième et pas loin d’être premier. On n’a pas eu la chance », témoignait-il , avant d’ajouter, « on n’était vraiment pas loin. » Son équipe avait perdu en demi-finale contre le Brésil. Le grand Brésil.
« Il y avait Pelé. Il était tout jeune à l’époque, c’était son 2e ou 3e match. Mais il pouvait compter sur un entourage d’exception, de grande classe. Le Brésil avait les meilleurs du monde« .
Kopa a cependant été nommé meilleur joueur de la compétition, durant laquelle il a inscrit deux buts, bien loin des treize inscrits par Just Fontaine, qui détient toujours à l’heure actuelle le record de buts inscrits dans une Coupe du monde. Raymond Kopa avait d’ailleurs conservé un bon souvenir de son association avec « Justo » : « Il n’y avait pas que Just Fontaine [en équipe de France], mais c’était le meilleur quand même. J’étais content de le retrouver dans mon chemin », expliquait-il à la chaîne Youtube de la FFF.

« Trois années inoubliables » au Real Madrid

En 1956, Kopa intègre le Real Madrid et ouvre une période prospère qu’il considère comme la « meilleure » de sa vie. A partir de 1957, il joue aux côtés de son idole, Ferenc Puskas, et l’équipe enchaîne les succès. « Nous aurions pu jouer sur une seule jambe, cela aurait suffi. Nous étions une équipe exceptionnelle », racontait Raymond Kopa dans une interview au quotidien sportif madrilène Marca en janvier.
Durant ces « trois années inoubliables », il marque 48 buts en 158 rencontres disputées avec le club et remporte surtout trois Coupes des clubs champions (1957, 1958, 1959), l’actuelle Ligue des champions, et deux Liga, en 1957 et 1958. A titre personnel, l’année 1958 restera comme la plus aboutie, avec, en plus des deux trophées collectifs gagnés, le graal individuel : le Ballon d’or, une première pour un Français (à l’époque, seuls les joueurs européens étaient concernés, ndlr) ! « C’était un véritable honneur pour moi, parce qu’il y avait du monde ! Di Stefano, Puskas, et d’autres qui auraient peut-être mérité plus que moi », expliquait-il à la chaîne Youtube de la FFF en 2013.
De retour à Reims en 1960, il retrouve Just Fontaine avec qui il remportera deux titres de champion de France en 1960 et 1962.

Un footballeur engagé

Raymond Kopa est également connu pour son engagement. Cet homme de caractère a milité avec son ami Just Fontaine pour la mise en place de contrats à temps pour les joueurs. Malgré la réticence des propriétaires des clubs, ils ont été mis en place en 1961. Jusqu’à la fin des années 1960, les joueurs de football étaient la propriété des clubs à vie.

Devenu vice-président de l’UNFP (le syndicat des joueurs de football, ndlr) qu’il a contribué à créer en 1961, Kopa se désolait : « En plein XXe siècle, le footballeur professionnel est le seul homme à pouvoir être vendu et acheté sans qu’on lui demande son avis », auprès d’un journaliste de France Dimanche.

 Margaux Lacroux