Dans un communiqué publié le 16 février, les professionnels de santé belges s’insurgent contre les certificats de virginité. Une pratique sans fondement clinique et aux conséquences lourdes.
« Inutiles pour la santé » et « sans pertinence scientifique« . Dans un communiqué publié le samedi 16 février, le Conseil national de l’Ordre des médecins belges a sonné la charge contre les certificats de virginité régulièrement réclamé notamment avant un mariage. Selon l’Ordre des médecins belges, les praticiens doivent tout simplement refuser de pratiquer de tels tests. La Belgique s’aligne donc sur une déclaration de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), publiée en octobre 2018, visant à mettre fin à ces tests utilisés pour attester de la virginité d’une femme.
Car la virginité reste un enjeu important dans plusieurs cultures, notamment pour des raisons d’honneur familial. Et cette injonction fait peser sur les femmes une pression sociale forte pouvant entraîner dans les cas les plus extrêmes, des suicides ou des « meurtres d’honneur ». Souvent confondus avec la chasteté, la notion de « virginité » n’est ni médical, ni scientifique, rappelle l’OMS. C’est une construction sociale, culturelle et religieuse. Cette idée se fonde sur des stéréotypes qui cantonnent la sexualité féminine à la sphère du mariage. D’autant, rappelle l’Ordre des médecins belge que de tels examens restent absurdes :
Il n’est pas possible d’affirmer avec certitude sur la base d’un examen clinique qu’une personne n’a jamais eu de rapport sexuel. (Ordre des médecins belges)
Le mythe de l’hymen intacte
Plusieurs enquêtes ont été menées dans différents pays, européens et musulmans, explique l’OMS. Les résultats ont à chaque fois pointé des pratiques discriminatoires et traumatisantes. « Ces examens sont souvent demandés par des tiers sans considération pour l’intimité personnelle et le droit à la vie privée de la personne concernée », souligne l’Organisation mondiale de la Santé.
La Belgique n’est pas le seul pays à s’être prononcé sur ce sujet. Dès le début de l’année 2019, le le journal Assabah (lien en arabe), révèle qu’au Maroc où la pratique est répandue, des médecins refusent désormais de le fournir. Ils invoquent trois raisons pour expliquer leur refus de pratiquer le test de virginité : rabaissant pour les femmes, inefficace et source de problèmes physiques et psychologiques. Juridiquement, le certificat de virginité n’a aucune valeur légale au Maroc.
Or, un hymen intact n’exclut pas de rapports vaginaux et encore moins des rapports sexuels d’autres types. L’Ordre des médecins belges prévient, «Il n’est pas possible d’affirmer avec certitude sur la base d’un examen clinique qu’une personne n’a jamais eu de rapport sexuel». Un préjudice fait aux femmes, partout dans le monde.
Oumy Diallo