Alors que la moitié sud de la jungle doit officiellement être évacuée d’ici mardi, 250 personnalités et organisations s’insurgent contre cette décision. Les associations locales soutiennent que le nombre de migrants campant dans la zone est plus de trois fois supérieur à celui fourni par les autorités. Tous espèrent voir annuler l’arrêt d’expulsion.
Vendredi, invoquant « l’extrême urgence » en raison de multiples incidents provoquant une tension croissante dans le Calaisis, la préfecture avait pris un arrêté, ordonnant aux occupants de la zone sud de quitter les lieux d’ici mardi, 20 heures.
Selon la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio, « entre 800 et 1 000 personnes » campent dans la zone qui doit être évacuée. Mais, dans une conférence de presse commune au siège de l’Auberge des Migrants, une demi-douzaine d’associations ont affirmé que le projet concernait « 3450 personnes, dont 300 mineurs isolés ». Le recensement aurait été opéré par une vingtaine d’équipes de deux personnes qui connaissent bien la jungle qui ont compté les migrants « trente par trente », a expliqué Annie Gavrilescu, une bénévole britannique.
Selon Vincent De Coninck, bénévole au Secours Catholique, l’expulsion des récalcitrants « risque d’entrainer le déplacement des migrants vers d’autres camps dans la région, ce qui ne ferait que déplacer le problème ». Dans un appel publié dans Le Monde, 250 personnalités et organisations s’insurgent contre l’expulsion, considérant que le gouvernement » feint de s’attaquer aux causes réelles du problème ».
L’Etat souhaite que les migrants de la zone sud aillent s’installer dans les conteneurs chauffés du Centre d’accueil provisoire jouxtant la jungle, où 300 places sur un total de 1500 restent disponibles. Les autres pourront rejoindre l’un des 102 Centres d’accueil et d’orientation (CAO) aménagés un peu partout en France. Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve visite ce lundi une de ces structures au Mans pour en faire la promotion.
Mais selon le Secours catholique, « beaucoup de migrants ne veulent pas aller en CAO » car ils n’ont « pas renoncé à leur projet de rejoindre l’Angleterre ».
La préfecture du Pas-de-Calais a justifié la fermeture de la zone sud entre autres par « les exactions » commises par des migrants, notamment sur l’axe routier stratégique menant au port, et qui « sont à l’origine d’une aggravation du niveau de tension » avec « la population calaisienne au cours des trois dernières semaines ».
J.L