A la CPI, les accusations à l’encontre des anti-balaka font débat

La procureure de la CPI, Mme Fatou Bensouda, lors de sa rencontre avec une délégation centrafricaine à la Haye, le 20 septembre 2019. © Rosmon

Depuis la galerie du public au sein de la Cour pénale internationale (CPI), une vingtaine de centrafricains de la diaspora sont autorisées à suivre en direct le déroulement de l’audience de confirmation des charges contre les Anti-balaka, Rambo Yekatom et Patrice Ngaissona. Ils témoignent de leur incompréhension face aux arguments de la procureure Bensouda.

Par Rosmon Zokoue

La Haye, le 20 septembre 2019. L’audience de confirmation des charges contre les Anti-balaka, Rambo Yekatom et Patrice Ngaissona a repris pour sa troisième journée. Comme lors de sa première journée, des personnes affluent vers la galerie du public, espace réservé aux curieux pour suivre l’audience. Venus de Belgique, de France et même de RCA, des centrafricains croisés ici portent tous, un regard critique vis-à-vis de la procédure en cours.

« Il s’agit des deux enfants qui se battaient (en faisant référence à la lutte entre les Anti-balaka et les Seleka, NDLR). Mais, la CPI est venue ligoter la main de l’un en laissant l’autre qui continue de frapper son frère. Ce n’est pas normal. C’est déjà bien que la Défense ait soulevé cela », critique, sous l’anonymat, une centrafricaine présente à la Haye.

Un avis partagé par le Secrétaire général du parti politique de Ngaissona, Samson Ngaibona. « Nous ne croyons pas à une audience équitable. Pourquoi les Séléka ne sont pas là ? Ngaissona fait partie des fils du pays qui ne faisaient rien d’autre que fournir de l’aide à une population en situation difficile. »

Les accusés à leur entrée en audience, le 19 septembre 2019. © CPI

Pour le Magistrat Joseph Bindoumi, président de la Ligue centrafricaine des droits de l’homme (LCDH), « Il y a beaucoup de mensonges dans les éléments de preuves présentés par la procureure. Nous allons suivre de près la décision que donnera la Chambre préliminaire 2 plus tard. Nous n’excluons pas la possibilité de saisir le Bureau de la procureure au moment opportun », a-t-il déclaré surplace au siège de la CPI.

Rendre la justice aux victimes et faire connaitre la vérité au peuple centrafricain
La procureure de la CPI, Mme Fatou Bensouda dont le travail est remis en cause par les opinions des uns et des autres, ne s’est pas toujours présentée dans la salle de l’audience durant ces 2 jours. Mais elle a rendu une visite de courtoisie à une autre délégation centrafricaine en mission de travail à la CPI. Bensouda n’a pas caché, pendant sa rencontre, son intention de rendre la justice aux victimes et de faire connaitre la vérité au peuple centrafricain.

« Nous ne pouvons effacer les souffrances infligées aux victimes. Mais nous remplirons notre rôle dans le cadre de nos mandats avec les moyens dont nous disposons pour que justice soit rendue et que les responsables des crimes rendent compte en République centrafricaine », indique Mme Fatou Bensouda.

Cette audience de confirmation des charges dans l’affaire Yekatom et Ngaissona prendra fin le 27 septembre prochain. La Chambre préliminaire doit donner sa décision dans un délai de 60 jours.