Depuis quelques semaines, les rebondissements s’enchaînent quant au projet du Royaume-Uni de sortir de l’Union européenne. Le premier ministre David Cameron a négocié un accord pour rester dans l’UE, jugé insuffisant par ses détracteurs. Il doit encore faire campagne avant le référendum le 23 juin.
Brexit or not Brexit. C’est la question que se posent le Royaume-Uni et l’Europe. De leur côté, les chefs d’entreprises britanniques ne voient pas la sortie de l’Union européenne d’un bon œil. C’est ce qu’ils expliquent dans une lettre ouverte publiée dans le Times ce mardi. Ils y dénoncent les effets néfastes que pourraient avoir Brexit sur l’économie et l’emploi : « Quitter l’UE découragerait l’investissement, menacerait l’emploi et mettrait en danger l’économie. Le Royaume-Uni sera plus fort, plus en sécurité et plus riche en restant un membre de l’UE« , écrivent les PDG.
Si les préoccupations économiques alimentent le débat sur Brexit et divisent la population, ce souhait de sortir de l’Union européenne n’est pas nouveau. Il était déjà au centre du programme des candidats aux élections européennes de 2014. C’est d’ailleurs l’UKIP, un parti anti-européen, qui avait remporté le scrutin.
Cameron contre Johnson
Les campagnes politiques pour la sortie du pays de l’UE ont connu un nouveau rebond dimanche avec la prise de position de Boris Johnson, le maire de Londres, en faveur de Brexit. Pour David Cameron, le premier ministre britannique, le maire de la City est un adversaire de taille. Fort d’une bonne popularité, il pourrait jouer un rôle important. « Il n’y a qu’une seule manière d’obtenir le changement dont nous avons besoin et c’est en votant pour une sortie« , a-t-il fait valoir. Surtout que Johnson pourrait jouer ici sa possible place de prochain premier ministre.
L’un comme l’autre ont déjà trouvé des soutiens de taille. Cameron peut compter parmi ses alliéssur Theresa May, la ministre de l’Intérieur ; Jeremy Corbyn, leader du Labour ou encore sur Nicola Sturgeon, Premier ministre écossais. Johnson lui est moins bien entouré mais s’accorde tout de même avec cinq ministres conservateurs et notamment Nigel Farage, le leader du parti UKIP.
Un euroscepticisme grandissant
Dans un climat d’euroscepticisme à la hausse, le Royaume-Uni envisage sortir de l’UE pour plusieurs raisons. D’abord, le pays souhaite favoriser sa souveraineté face à celle de l’Europe. Un point important qui a été négocié lors d’un sommet européen vendredi dernier, réunissant Donald Tusk, président du Conseil européen, Jean-Claude Junker, président de la Commission européenne, et David Cameron.
Mais cet accord est loin de faire l’unanimité outre-manche. La presse britannique et les politiques ont plutôt adopté une posture critique. « Tu appelles ça un accord, Dave ? » pouvait-on par exemple lire dans le Daily Mail.
Face à ces enjeux, la sortie de l’Union européenne n’empêcherait pas l’État britannique d’entretenir des relations économiques, commerciales ou politiques avec l’Europe. Il resterait membre de l’Otan et du conseil de sécurité de l’ONU.
Une sortie de l’UE risquée
L’impact qu’aura la sortie de l’Union européenne du Royaume-Uni est encore très incertain. Certains économistes prévoient notamment une baisse du PIB anglais. La Grande-Bretagne comme l’Europe pourrait en souffrir et cela pourrait leur coûter cher.
En parallèle, la livre sterling est en baisse depuis l’annonce des positions du maire de Londres. L’occasion pour Cameron de contrattaquer devant le Parlement britannique ce lundi, en annonçant que « quitter l’Europe menacerait la sécurité économique et nationale« , partageant ainsi les mêmes idées que celles énoncées par les chefs d’entreprise dans leur tribune.
Le Brexit pourrait avoir des conséquences sur la sécurité nationale, comme l’a annoncé Rob Wainwright, directeur de l’office de police criminelle de l’Union européenne Europol. La lutte anti-terroriste ne serait que plus compliquée d’après lui.
Finalement, démocratie oblige, Cameron a annoncé que le résultat du référendum sera non négociable et une « décision définitive« . Les sondages lui sont d’ailleurs favorables : le dernier en date annonce que les pro-européens seraient majoritaires au scrutin.
M. D.