Le passage à tabac du jeune Yuriy, mi-janvier, a braqué les projecteurs sur les affrontements violents entre bandes de la capitale.
À 14 ans, Yuriy a été la cible d’un groupe d’une dizaine d’individus le vendredi 15 janvier. Laissé inconscient sur sur une dalle du quartier Beaugrenelle dans le XVe arrondissement de Paris, ses nombreuses blessures témoignent de la violence de cette agression.
Selon les premiers éléments de l’enquête de la police judiciaire, il aurait été victime d’un « match retour » après qu’un adolescent de Vanves ait été frappé quelques jours plus tôt, rapporte Le Point. Ce règlement de comptes n’est pas un acte isolé et pose la question de la violence croissante entre bandes de jeunes des quartiers parisiens.
83 rixes recensées en 2020
Le nombre d’affrontements entre bandes a augmenté de 22 % entre 2018 et 2019 en Ile-de-France. Si les violences sont principalement concentrées dans le Val-de-Marne et la Seine-Saint-Denis, la capitale n’est pas en reste. Entre 2016 et 2019, les services de la mairie de Paris évoquent un affrontement tous les 5 à 6 jours. En 2020, les rixes recensées ont été au nombre de 83 contre 159 en 2016. Une diminution qui n’évite pas les victimes, bien souvent mineures. « On voit bien que des affrontements qui autrefois se réglaient à coups de poing ou d’insultes se règlent maintenant à coups de batte de baseball« , déplore le maire du XVe arrondissement de Paris, Philippe Goujon, sur BFM TV, quelques jours après l’agression de Yuriy.
Une lutte sans fin
Depuis 2016, un groupe local de traitement de la délinquance (GLTD) spécialisé sur le sujet a permis d’interpeller 187 personnes, dont 126 mineures, en 2020. En 2019, la mairie de Paris a mis l’accent sur la prévention des rixes, avec une stratégie basée sur l’accompagnement des jeunes.
Goundo Diawara, conseillère principale d’éducation (CPE) dans un collège du Val d’Oise, interrogée par les Inrocks en 2019, décryptait déjà la violence dont elle était témoin : « Le phénomène en lui-même n’a malheureusement rien de nouveau. Mais il y a des périodes où, sans explication rationnelle, on en entend parler davantage parce que les rixes se multiplient ».