Il ne fait pas bon de travailler pour un média d’État chinois à Washington. Les États-Unis les assimilent désormais à des missions diplomatiques pour faire face à ce que les Américains qualifient de propagande de Pékin. La réponse du régime chinois ne s’est pas faite attendre : trois journalistes du Wall Street se sont vu retirer leurs cartes de presse.
Mercredi 19 février, la Chine a jugé “inacceptables” ces nouvelles règles imposées par Washington. Cinq médias, dont l’agence de presse Chine nouvelle et la télévision publique CGTN, vont maintenant devoir obtenir l’approbation du département d’État américain pour acheter des propriétés aux États-Unis.
“Il ne fait aucun doute que ces cinq entités font partie de l’appareil de propagande de l’État-parti (chinois) et qu’elles reçoivent des ordres directement d’en haut”, a dit un responsable américain à la presse sous couvert d’anonymat. “Nous savons tous qu’ils sont contrôlés par l’État depuis toujours, mais ce contrôle s’est renforcé avec le temps et c’est devenu beaucoup plus agressif (dans le cadre de) leurs activités en dehors des États-Unis” , a-t-il affirmé.
“Nous nous réservons le droit de répliquer”
Les autres médias visés sont Radio Chine Internationale et les organes diffusant les journaux Le Quotidien du Peuple et le China Daily. Aucune restriction ne sera en revanche appliquée aux activités journalistiques chinoises sur le sol américain.
“Les États-Unis se sont toujours vantés de leur liberté de la presse. Mais ils s’ingèrent dans le bon fonctionnement des médias chinois aux États-Unis et entravent leur travail” , a dénoncé Geng Shuang, un porte-parole du minstère chinois des Affaires étrangères. Il a ensuite poursuivi : “Nous nous réservons le droit de répliquer dans le cadre de cette affaire.”
Pékin contre-attaque
La réponse ne s’est pas faite attendre. La Chine a retiré mercredi 19 février les cartes de presse de trois journalistes du Wall Street Journal à cause du titre d’un éditorial du quotidien américain que Pékin a jugé raciste. Ces derniers ont maintenant cinq jours pour quitter le pays. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une emprise accrue du régime chinois sur les médias depuis l’arrivée au pouvoir du président Xi Jinping en 2013.
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, a expliqué à la presse que l’éditorial (“La Chine est le véritable homme malade de l’Asie”) était “empreint de discrimination raciale” et “sensationnaliste.” Il a reproché au Wall Street Journal de ne pas avoir présenté les excuses que Pékin réclamait.
Rappelons que mis à part les médias étrangers, les médias publics et privés chinois sont placés sous un contrôle étroit du Parti communiste, alors que l’administration multiplie les obstacles au travail de terrain des correspondants étrangers. La Chine est le 117e pays au classement mondial de la liberté de la presse de Reporters Sans Frontières en 2019.
Paul Boyer