Le président du Comité international olympique (CIO) a fustigé les menaces de boycott des JO 2024 de la part de l’Ukraine si des sportifs russes et biélorusses y participent, à la veille d’une conférence vendredi 10 février à ce sujet entre les ministres des Sports de plusieurs pays.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui prendra la parole à l’ouverture de cette conférence organisée par Londres, selon l’agence PA, a réclamé à plusieurs reprises l’exclusion des sportifs russes et biélorusses des Jeux olympiques de Paris appelant encore cette semaine à « protéger la charte olympique ».
Dans un courrier daté du 31 janvier et révélé le 9 février par le comité olympique ukrainien, le président du CIO Thomas Bach a pointé du doigt cette posture comme allant « à l’encontre des fondamentaux du mouvement olympique ».
M. Bach assure aussi que les « pressions » ukrainiennes sont perçues comme « extrêmement regrettables » par « la vaste majorité » des comités nationaux olympiques (CNO) et fédérations internationales. « Comme l’histoire l’a montré, les précédents boycotts n’ont pas atteint leurs objectifs politiques et n’ont servi qu’à punir les sportifs des pays concernés », poursuit l’Allemand, lui-même privé de la défense de son titre olympique du fleuret par équipes par le boycott de Berlin des JO 1980 à Moscou.
Le patron du comité rappelle par ailleurs que tout boycott sportif est « une violation de la Charte olympique », sans toutefois évoquer explicitement des sanctions, alors que la Corée du Nord a été privée par le CIO des JO 2022 d’hiver de Pékin pour n’avoir pas envoyé d’équipe à ceux de Tokyo en 2021.
Enfin, Thomas Bach assure que la participation sous bannière neutre de sportifs russes et biélorusses aux JO 2024 « n’a même pas encore été discutée en termes concrets », qualifiant donc de « prématurés », les efforts de Kiev pour l’en empêcher.
Depuis l’invasion russe de l’Ukraine il y a près d’un an, les sportifs russes et biélorusses sont exclus de la plupart des compétitions internationales, mais le CIO œuvre depuis des semaines à ce qu’ils puissent participer aux JO 2024 sous bannière neutre.
Front de soutien à L’Ukraine face au CIO
Le Royaume-Uni, fervent soutien de l’Ukraine depuis le début de la guerre, a critiqué la position du comité, tout comme de nombreux autres États européens, dont la République tchèque, l’Islande, la Norvège, la Suède ou encore la Pologne. « Nous devons réclamer au CIO qu’il démontre que les valeurs de l’olympisme signifient quelque chose et être clairs sur le fait qu’il y a des conséquences à cette invasion illégale », a affirmé Lucy Frazer, la ministre des Sports britannique citée par l’agence PA.
Le CIO a mis le feu aux poudres fin janvier, en proposant une feuille de route pour organiser le retour de ces sportifs sous drapeau neutre, à condition qu’ils n’aient « pas activement soutenu la guerre en Ukraine ». Cette position est inadmissible pour Kiev, qui a immédiatement menacé d’un boycott accusant l’instance olympique d’être « un promoteur de la guerre, du meurtre et de la destruction ». Depuis, un front s’organise au soutien de Kiev, même si une poignée seulement d’Etats envisagent un boycott, comme l’Estonie et la Pologne. La Lettonie a ainsi prévenu qu’elle ne « participerait pas aux Jeux aux côtés du pays agresseur ».
La France indécise
Pour la France et la ville de Paris, organisatrice de ces Jeux, la question est de plus en plus sensible. Anne Hidalgo, la maire de Paris, en visite le 8 février à Kiev, s’est prononcée contre la participation des sportifs russes « tant que la Russie continuera à faire la guerre à l’Ukraine », après avoir défendu leur venue « sous une bannière neutre », afin de ne pas « priver les athlètes de leur compétition ».
Le président français Emmanuel Macron a également indiqué le 9 février avoir « parlé » avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky d’une possible exclusion des athlètes russes des Jeux, précisant qu’il se prononcerait personnellement « à l’été ».