Dans une étude publiée le 3 mars, des chercheurs estiment que la pollution réduit l’espérance de vie mondiale de 3 ans et cause la mort de 8,8 millions de personnes par an. Dans un contexte de peur face au coronavirus, ils vont même jusqu’à parler de « pandémie de la pollution de l’air »
Il n’y a pas que les virus qui peuvent provoquer une pandémie. C’est en tous cas le constat qu’ont fait des chercheurs allemands dans une étude publiée le 3 mars 2020 dans la revue Cardiovascular Research. Selon eux, ce sont près de 8,8 millions de personnes qui meurent tous les jours à cause de la pollution, représentant une baisse moyenne de l’espérance de vie mondiale de 3 ans. Les populations de pays très pollués, comme la Chine ou l’Inde, sont plus durement touchées, avec une durée de vie moyenne réduite respectivement de 4,1 ans et 3,9 ans.
Plus meurtrier que le tabac, le sida, ou la guerre…
En comparaison avec les autres grandes causes de mortalité, la pollution arrive loin devant. En effet, il est estimé que le tabagisme tue 7,7 millions de personnes chaque année, le Sida 700 000 et les autres formes de violence, comme les guerres, 500 000. Or, les auteurs de l’étude assurent qu’une grande part de cette pollution pourrait être évitée : « Nous montrons qu’environ deux tiers des décès prématurés sont imputables à la pollution atmosphérique d’origine humaine, principalement due à l’utilisation de combustibles fossiles ; ce chiffre atteint 80 % dans les pays à revenu élevé. Cinq millions et demi de décès par an dans le monde sont potentiellement évitables. »
«Pandémie de la pollution de l’air»
Le mot utilisé pour désigner ce phénomène n’a pas été choisi au hasard, comme l’expliquent les chercheurs à la fin de leur étude : « Puisque l’impact de la pollution de l’air sur la santé publique est plus large que prévu, et qu’il est un phénomène mondial, nous pensons que nos résultats montrent qu’il y a une “pandémie de la pollution de l’air” ». Même si la pollution ne rempli pas le critère de contagiosité d’une pandémie, celui-ci n’est pas une condition nécessaire pour désigner ce type de phénomène. Pandémie ou pas, le message est fort : la pollution tue à grande échelle.
Victor Dubois-Carriat