Le festival de Cannes s’est ouvert le 14 mai. Cette année, Alain Delon est l’objet d’une polémique. Mais des scandales font trembler la Croisette tous les ans.
La 72e édition du festival de Cannes se déroule du 14 au 25 mai 2019 au Palais des festivals. Alain Delon doit recevoir une palme d’or d’honneur pour sa carrière mais une pétition a été lancée contre la remise de ce prix à l’acteur. L’occasion de revenir sur cinq polémiques qui ont animé l’événement annuel le plus attendu du cinéma international.
1960. Quand la religion controverse le cinéma
Federico Fellini, réalisateur et scénariste italien, reçoit la palme d’or de la 13e édition du festival en 1960. Mais son film, La Dolce Vita, est hué par le public cannois. L’œuvre fellinienne relate une semaine de la vie mondaine d’un journaliste de presse people à Rome. Le Vatican s’est emparé des critiques pour condamner la frivolité et la débauche représentées, surtout lors de la scène de l’orgie finale. Les années soixante symbolisent en effet une période pendant laquelle l’évolution des mœurs divise les populations. Aujourd’hui, le film est mondialement considéré comme un classique du cinéma, avec notamment la scène de baignade dans la fontaine de Trevi.
1987. Quand les réalisateurs règlent leur compte
Le film Sous le soleil de Satan réalisé par Maurice Pialat est récompensé par la palme d’or de la 40e édition du festival en 1987. Il raconte la vie d’un abbé. Ce dernier doute sur sa foi et finit par rencontrer le diable. Ici encore, scandale lié à la vision des mœurs véhiculée par le film. Lorsque le réalisateur est appelé pour monter sur scène et récupérer son prix, il est hué par une grande partie du public. Face à ces invectives, Maurice Pialat déclare pendant son discours : « Sachez que si vous ne m’aimez pas, je ne vous aime pas non plus ! »
2004. Quand le festival s’empare de la politique
En 2004, c’est Michael Moore, écrivain et réalisateur américain, qui reçoit la palme d’or de la 57e édition du festival pour son film Fahrenheit 9/11. Ce documentaire décrit la politique et la personnalité de George W. Bush, alors en pleine campagne pour être réélu à la tête des États-Unis. Le film évoque en majeure partie les ingérences américaines en Irak et la guerre qui persiste. Revendiqué acte politique par son propre créateur, le documentaire est à charge contre la réélection du président américain. Le festival de Cannes, événement symbole du cinéma et du divertissement international, devient alors un lieu de réflexion sur la politique de la plus grande puissance mondiale.
2017. Quand les présences sont contestées
D’après une histoire vraie, film de Roman Polanski, est présenté hors compétition lors de la 70e édition du festival en 2017. Cette présentation marque le retour du réalisateur à Cannes, après le scandale lié à sa présidence de la cérémonie des Césars la même année, à laquelle il a finalement renoncé. Accusé de viol sur mineure depuis 1977 aux États-Unis, sa venue sur la Croisette a suscité de nombreuses réactions, notamment de la part de mouvements féministes. S’il a bien présenté son film cette année là, Roman Polanski n’a pris la parole publiquement que lors d’une unique conférence de presse et n’a donné aucune interview.
2019. Quand les pétitions se multiplient
Cette année, c’est Alain Delon qui est à l’origine de la polémique animant le début de la 72e édition du festival. L’association américaine Women and Hollywood a lancé une pétition dénonçant la racisme, l’homophobie et la misogynie de celui qui doit recevoir une palme d’or d’honneur le 19 mai. Le texte a été signé par plus de 21 000 personnes. En 2013, l’acteur s’est exprimé sur le mariage et l’adoption pour tous pendant une émission à la télévision : « Un enfant a besoin selon moi d’une maman et d’un papa. » Cependant, sa présence ne semble pas contesté puisque Thierry Frémaux, délégué général du festival a déclaré : « [Alain Delon] a le droit de penser ce qu’il pense. »