Les criquets pèlerins submergent la Corne de l’Afrique

Capture Euronews.

Ils dévorent les cultures et il ne reste plus rien après leur passage. Depuis fin décembre, des milliards de criquets pèlerins détruisent des milliers d’hectares. L’Afrique de l’Est n’avait pas connu ça depuis 25 ans.

L’insecte migrateur considéré comme le plus nuisible au monde, le criquet pèlerin, dévaste l’Afrique de l’Est depuis le mois de décembre 2019. Ces essaims qui dévastent les cultures ont déjà atteint le Kenya, l’Éthiopie, l’Érythrée, Djibouti, la Somalie, l’Ouganda, le Soudan et la Tanzanie.

En Somalie, l’une des régions les plus vulnérables du monde, où ces insectes dévastent l’approvisionnement alimentaire, le ministère de l’Agriculture a déclaré l’urgence nationale” le 3 février dernier.

L’agriculture menacée

Selon L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les insectes pourraient rester plusieurs années dans les zones affectées.

Les essaims de criquets pèlerins ont atteints le Soudan du Sud le 18 février. L’arrivée de ces criquets pourrait s’avérer catastrophique pour ce pays, où 60 % de la population est déjà menacée par la faim, en raison des effets combinés de la guerre, de la sécheresse et des inondations.

Les criquets pèlerins consomment la partie verte des plantes, c’est-à-dire les feuilles et non les grains. Les conséquences sont pour l’instant limitées en ce qui concerne les agriculteurs, car les récoltes avaient déjà été ramassées. Les éleveurs sont en revanche frappés de plein fouet par ces invasions qui détruisent les moyens de subsistance de leurs bêtes.

36 000 litres d’insecticides pulvérisés

Au Kenya, qui n’a pas subi une telle invasion depuis 70 ans selon la FAO, l’impact de cette crise est d’autant plus important que les éleveurs viennent de subir trois années de sécheresse. Dans ce pays où l’agriculture représente 34 % du PIB, c’est toute l’économie qui est menacée.

La détérioration des cultures peut déjà être prévenue en vaporisant des pesticides de synthèse, explique au Parisien Cyril Piou, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Une fois que les criquets sont là, on attend le matin. Lorsqu’ils se sont posés pour dormir, on peut les éradiquer grâce à des insecticides répandus par avion ou depuis des 4×4.

En Ouganda, les autorités disent ainsi avoir mis à disposition 36 000 litres de produits à pulvériser sur les zones infectées et mobiliser 2 000 soldats. Mais l’étendue du phénomène complique la surveillance et l’intervention par voie aérienne, alerte Keith Cressman, de la FAO.

L’ONU tire la sonnette d’alarme

L’ONU appelle à l’aide internationale pour mettre au plus vite fin à la crise. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture a estimé fin janvier que 76 millions de dollars étaient nécessaires pour lutter contre ces invasions.

Jusqu’à présent, seuls 20 millions ont été récoltés, a indiqué Mark Lowcock, secrétaire général adjoint pour les Affaires humanitaires de l’ONU. Or le temps presse. La population de criquets peut être multipliée par vingt tous les trois mois. Au bout de six mois, il y a une population qui est multipliée par 400, s’alarme Cyril Ferrand dans Jeune Afrique.

Si le phénomène d’invasion s’aggrave, dans un an ou plus, cela serait considéré comme un fléau. Il y a eu six grandes invasions de criquets au XXe siècle. La dernière s’est produite en 1987-89.

Vidéo d’Euronews (invasion de criquets pèlerins en Afrique de l’Est) :

Paul Boyer