L’euthanasie, partiellement autorisée en France, fait l’objet de virulents débats dans l’Hexagone. Ainsi, les ressortissants franchissent massivement la frontière pour se rendre en Belgique, où l’euthanasie active est légale. Un afflux auquel la Belgique ne peut faire face, seule.
Les Français sont de plus en plus nombreux à demander l’euthanasie en Belgique. Le docteur belge François Damas a fait part de ce constat dans un reportage réalisé par Le Monde. Désormais, ce sont “un ou deux appels par semaine contre un tous les six mois auparavant”, témoigne-t-il.
Cet intérêt grandissant pour le plat pays serait lié à la médiatisation de l’écrivaine française Anne Bert. En effet, en 2017, elle avait publiquement annoncé sa volonté de “mourir en Belgique”, rapporte le quotidien.
Des soignants belges sous pression
Cet engouement pour l’euthanasie active (autorisée en Belgique), différente de l’euthanasie passive, (autorisée en France depuis la loi Leonetti de 2005), entraîne une surcharge des professionnels de santé. L’euthanasie active correspond à l’administration d’une substance létale par une personne tiers à un patient incurable. A l’inverse, l’euthanasie passive rejoint le principe de « laisser mourir » le patient et refuser l’acharnement thérapeutique.
Dans les colonnes du Monde, Jacqueline Herremans, présidente de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) regrette la surcharge de travail dont sont victimes les soignants belges : « Il serait ingérable que toutes les demandes d’euthanasie d’Europe soient gérées en Belgique. Ce ne serait humainement pas tenable pour les médecins. »
Jean-Claude Legrand, docteur à l’hôpital de Charleroi, est également critique quant à l’afflux de résidents de son pays limitrophe : « N’est-ce pas déresponsabiliser la France que de prendre en charge ce problème ? D’autre part, notre service ne souhaitait pas devenir « l’euthanasieur » des Français. »
Pour désengorger les demandes d’euthanasie et donner de l’air aux soignants, une suspension de la venue de patients étrangers a été acté en 2016. En effet, les praticiens belges sont peu nombreux à recourir à l’euthanasie, rapporte Le Monde. Ainsi, « dès qu’un médecin est identifié, il est harcelé, en partie pour des demandes non justifiées », souligne Jacqueline Herremans.
Mourir en Belgique a un coût
En comptant le trajet entre les deux pays frontaliers, la première consultation, l’injection d’une substance létale et une éventuelle nuit à l’hôpital, « cela doit coûter entre 5 000 et 6 000 euros à un Français de venir mourir en Belgique », analyse Yves de Locht, généraliste bruxellois et auteur de Docteur, rendez-moi ma liberté.
En France, la question de la fin de vie entraîne de nombreux débats éthiques, religieux, moraux et philosophiques. L’affaire la plus emblématique sur le sujet concerne le tétraplégique Vincent Lambert. En état végétatif depuis 2008, l’ancien infirmier est mort le 9 juillet 2019, après avoir procédé à l’arrêt des soins.
Marie Désévédavy