Municipales : le slogan, éclairage ou coup de pub ?

Les slogans donnent une tonalité à une campagne. Didier Louis, candidat écologiste indépendant aux élections municipales de Dijon, a choisi l'humour sur ses affiches pour se faire connaître. Crédit : JEFF PACHOUD / AFP

Les slogans sont l’un des éléments phares pendant les élections municipales. Censés mettre en avant leur candidat, ils sont souvent réputés communs et non originaux. Or, certains dénotent et permettent au candidat concerné de se faire connaître. Mais quel est l’enjeu d’un slogan ?

Les élections municipales du mois de mars 2020 n’échappent pas aux slogans originaux. En attendant la présentation des programmes de chaque candidat, les électeurs ont droit à la communication plus ou moins réussie d’avant-campagne.

C’est le cas par exemple à Dijon, où l’équipe de la liste écolo indépendante menée par Bruno Louis a choisi de se différencier avec un trait d’humour en écrivant en premier plan et en gros sur leur affiche “Sexe”. Un choix plutôt osé mais réfléchi au regard de la suite du texte : “Maintenant que vous êtes attentifs, occupons-nous du climat”. Le clin d’œil a été repéré par Le Parisien qui a interrogé Bruno Louis. Celui-ci a assumé cette affiche en expliquant avoir voulu offrir “une note d’anticonformisme” aux électeurs.

Coup de pub à double tranchant

Le candidat dijonnais n’est pas le premier à se faire connaître par un slogan à connotation sexuelle. Fin décembre 2019, de nombreux citoyens ont découvert la candidate bezonnaise (Val d’Oise) SE (soutenue par LREM mais qui n’a pas été investie) Sophie Stenström par le biais de son slogan “Bezons de toutes nos forces”. Coup de pub mais bad buzz pour la candidate car de nombreux internautes, à l’esprit taquin, ont détourné ce slogan. Parfois drôles, parfois critiques envers la politique du gouvernement ou des décisions du président de la République, Emmanuel Macron, les diffusions du slogan ont été virales.

“Nous n’avons pas fait exprès” s’était défendue Sophie Stenström, au micro de France 3 Paris Île-de-France. “Je comprends le jeu de mot, j’ai de l’humour. Mais tout cela est disproportionné”. L’acteur et metteur en scène François Morel avait tweeté, le 26 décembre 209, une petite boutade. Reprenant le slogan, il a commenté “ça me parait un bon programme”.

Où sont les programmes ?

Les programmes sont souvent les grands perdants des différentes élections. La communication politique aide les candidats mais peut aussi les desservir. Utiliser des slogans originaux est utile pour se faire connaître mais n’est-ce pas un écran de fumée ? Le programme est indispensable pour se faire une opinion sur un candidat, la communication autour peut biaiser le message. Nous connaissons la candidate de Bezons par ses affiches mais nous ne savons pas grand chose de son programme.

Le candidat de la liste “Un printemps écologiste pour Dijon a reconnu l’intention” devant l’AFP. “On est un groupe d’écologistes amateurs, on s’est dit que pour avoir un espace dans les médias, il fallait un peu bousculer le genre”.

Cette affiche lui a permis de se distinguer de l’autre listes écologistes concurrente, EELV et de présenter des propositions : l’arrêt de l’artificialisation des sols, davantage de transports en commun, moins de voiture ou encore une ville “plus verte, plus frugale et plus résiliente”. Une exposition inattendue peut être une véritable vitrine à un candidat inconnu pour faire connaître ses idées pour sa ville.

La campagne de 2014 avait déjà eu son lot d’affiches atypiques. La député de la France insoumise, Clémentine Autain, alors candidate du Front de gauche à Sevran, en Seine-Saint-Denis s’était distinguée grâce à une affiche étonnante “une Clémentine pour Sevran… des vitamines pour les sevranais”. Candidats connus ou peu connus utilisent, de plus en plus, les moyens de la communication politique : communicants, sondages, slogans percutants… Les programmes, quant à eux, sont révélés très souvent en fin de campagne.

Lydia Reynaud