Pour le régulateur des télécoms, TF1 « doit rester gratuite »

Photo : AFP PHOTO / bertrand GUAY

Après l’annonce du groupe Canal+ de cesser de diffuser les chaînes du groupe TF1, le président de l’Autorité de régulations des télécoms a invité à la réflexion sur le paysage audiovisuel français afin que TF1 demeure gratuite.

Dans un contexte où les crispations sont de plus en plus fortes entre le groupe TF1 et les opérateurs, Sébastien Sorano, le président de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) a appelé à la poursuite de la gratuité de la première chaîne. Invité au micro d’Europe 1 mercredi, il a qualifié le bras de fer de « cri d’alarme » qui devait être entendu.

Alors qu’il diffusait jusque là ses chaînes gratuitement, TF1 a récemment demandé à ce que les opérateurs paient des droits de diffusion. D’après le PDG du groupe, Gilles Pélisson, le montant demandé serait de « moins de 20 millions d’euros par opérateur ». Une somme qui mécontente les opérateurs. Après des mois de négociations infructueuses, Canal+ a décidé de couper le signal de TF1 et des autres chaînes du groupe (TMC, TFX, TF1 Séries Films, LCI) dans la nuit de jeudi à vendredi, alors que les négociations sont toujours en cours. Free et Orange envisagent eux aussi de couper le signal si aucun accord n’est trouvé.

« Jusqu’à présent les opérateurs ne reversent rien aux chaînes alors que nous apportons un service qui mérite rémunération », a ajouté le responsable de TF1, estimant qu’il « est temps de faire bouger les lignes » et que les demandes du groupe « n’ont rien de mirobolant ».

Préoccupé par la situation, Sébastien Sorano a estimé qu’ « à partir du moment où une chaîne est gratuite, elle devrait être gratuite pour tous les Français ». La direction de Canal+ avait en effet expliqué que si son groupe devait payer les chaînes gratuites, cela aurait « un impact direct pour le consommateur », c’est-à-dire des « investissements en moins pour Canal+ » ou « une hausse des abonnements ».

« Aujourd’hui la loi n’interdit pas cette rémunération de TF1 » par les fournisseurs d’accès internet comme Free, Orange ou par Canal+. Il a reconnu une possible « faille réglementaire » dans un contexte où les chaînes sont de plus en plus concurrencées par internet.

Pour lui, il est important de repenser la situation en l’inscrivant « dans une réflexion plus large qui nous permette de réinventer le paysage audiovisuel et sa régulation à l’heure des réseaux futurs ».

Corentin Lacoste avec AFP