Alors que François Fillon continue de s’accrocher à sa candidature, le parti lui cherche un remplaçant. Villepin, Morano et Solère s’ajoutent vendredi à la longue liste des démissionnaires.
La campagne de François Fillon prend l’eau de toute part. Sa candidature à la présidentielle est plus contestée que jamais et même les élus qui le soutenaient depuis le début le lâchent. Face à ce désaveu, le parti des Républicains réfléchit en urgence à un plan B pour remplacer le candidat. Un plan B qui pourrait être Alain Juppé.
Des défections en série…
Depuis la conférence de presse qu’il a donné, mercredi, en annonçant le maintien de sa candidature malgré sa possible mise en examen, le nombre de ses partisans ne cesse de diminuer. Bruno Le Maire a ouvert la marche, puis les juppéistes Benoist Apparu, Edouard Philippe, Christophe Béchu ou encore Gilles Boyer, ont eux aussi claqué la porte du QG de campagne du candidat des Républicains.
Ce vendredi, la fuite des soutiens de François Fillon a pris une autre dimension avec le départ de Thierry Solère, Dominique de Villepin et Nadine Morano. Thierry Solère, en charge de l’organisation de la primaire à droite et porte-parole du candidat, a confirmé via un tweet qu’il lâchait François Fillon. Il est talonné par Nadine Morano, qui avait pourtant fermement défendu la décision de Fillon jusqu’ici. « Je lui ai dit, comme un crève-coeur. Parce que voici quelqu’un qui a la stature, voilà quelqu’un qui a un programme pour la France, qui a l’expérience, qui est prêt à le faire, mais j’ai peur que les Français ne nous permettent pas d’arriver au second tour, et ce serait là une catastrophe », a-t-elle déclaré sur Franceinfo.
Baroin souvent cité, Juppé plébiscité
Cette désertion est une véritable désillusion pour François Fillon. Alors, aujourd’hui plus que jamais, dans les couloirs du parti des Républicains, les noms de potentiels remplaçants circulent.
Et le maire de Bordeaux est largement plébiscité pour monter au front à la place de Fillon. Mercredi, George Fenech, le député LR du Rhône et proche de Nicolas Sarkozy, lançait un appel aux élus, les invitant « à adresser au Conseil constitutionnel leurs parrainages à Alain Juppé », plutôt qu’à François Fillon, « plus en mesure de se qualifier pour le second tour ». Il estime que la décision de Fillon « prend en otage » sa famille politique et toute l’élection présidentielle.
Reboosté après la claque subie lors de la primaire en novembre, l’entourage d’Alain Juppé tente donc discrètement de réunir des parrainages. Un premier a été officiellement comptabilisé vendredi par le Conseil constitutionnel. « On les garde et on attend pour le moment. Si nous dépassons le fameux seuil de 500, nous lui demanderons s’il souhaite se présenter », a précisé le Conseil constitutionnel au Parisien. Mais le temps presse : les signatures doivent obligatoirement parvenir au Conseil constitutionnel avant le 17 mars. Soit encore quinze jours pour récolter 500 signatures des quelque 42 000 parrains potentiels…
Mais l’idée fait son chemin, à droite. Y compris chez les Sarkozystes, au départ totalement réfractaires à l’idée de voir Juppé comme le remplaçant de Fillon. Bien qu’ils préfèreraient François Baroin, « un homme de responsabilités et respectueux des personnes », comme l’a qualifié Nadine Morano.
La balle est toujours dans le camp de Fillon
Côté UDI, on attend la candidature de Juppé sans pour autant se précipiter. « Il y en a au moins une [alternative] qui paraît pertinente, c’est celle de Juppé, mais c’est à LR de prendre ses responsabilités. J’espère qu’ils ont la même conscience que nous des intérêts du pays », déclarait Hervé Marseille, le sénateur (UDI) des Hauts-de-Seine au Monde.
Alain Juppé avait totalement exclu, au début du mois de février en plein Penelopegate, de remplacer François Fillon à l’élection présidentielle. Il semble pourtant, à la suite de cette cascade de démissions, être revenu sur sa décision. Il aurait affirmé à ses fidèles « être prêt ». « Je ne me défilerai pas. Cette situation ressemble à un suicide collectif », a-t-il déclaré.
François Fillon a cependant réuni plus que les 500 parrainages nécessaires à sa candidature et rien ne peut l’obliger à se retirer. L’ensemble des élus ayant envoyé leurs parrainages à François Fillon, validés et enregistrés par le Conseil constitutionnel, ne peuvent plus revenir sur leur décision et annuler leur soutien au candidat choisi. La balle est donc un peu dans le camp d’Alain Juppé, mais surtout, toujours, dans celui de François Fillon.
Mathilde Delacroix