Jeudi 2 février 2023, la Marine brésilienne, propriétaire depuis 2000 de l’ancien porte-avion Foch, a annoncé que le navire sera sabordé. Une fin de vie explosive pour cet ancien fleuron de la Marine française.
Il avait été mis en service en 1963, à Brest. Il finira sa vie au fond de l’Atlantique, en 2023, au large du Brésil. C’est l’histoire d’un bateau sur lequel il y avait des avions de chasse. L’ancien porte-avions Foch va être sabordé par la marine brésilienne à défaut de pouvoir être démantelé. Retour sur la fin de vie de ce navire, ancien fleuron de la flotte française.
Novembre 2000 : vendu au Brésil.
12 millions d’euros. Une somme dérisoire qui a permis au Brésil de se procurer l’ancien porte-avion Foch. Mais la somme n’est pas forcément à la hauteur des services rendus par le navire. Le navire a servi 37 ans et est notamment intervenu dans le cadre de la mission de l’OTAN en Yougoslavie, en 1999. Mais le Charles de Gaulle est arrivé en 2000. De l’autre côté de l’Atlantique, le Foch devient alors le Sao Paulo.
2005 : incendies à bord
Les Brésiliens ont hérité d’un navire en mauvais état. Le pays en voie de développement souhaite s’asseoir sur les océans. Mais le porte-avions est vétuste. Les traces de sa carrière sont visibles. Sous pavillon brésilien, six incendies se déclarent à bord, faisant quatre morts. Impossible de le réparer : il n’y a plus de pièces détachées adaptées à ce bateau. Un projet ambitieux est envisagé. Celui d’une rénovation complète. Mais trop coûteux pour le pays en proie à des difficultés politiques. Brasilia a alors décidé de se défaire du navire qui devient encombrant.
Avril 2021 : rachat par un chantier
Un tas de ferraille flottant. Une aubaine pour le chantier Sok Denizcilik, en Turquie. Il pourrait récupérer les 24 000 tonnes de métal qui constituent le navire. L’entreprise est agréée par l’Union européenne, le projet est en bonne voie. Nouvelle traversée pour le porte-avions, direction la Turquie.
Août 2022 : refus des Turcs
Seulement voilà, les autorités turques se rendent compte que le porte-avion représente « une menace écologique ». Une annonce qui tombe alors que le navire est en train de passer le détroit de Gibraltar, tracté par un remorqueur hollandais. Coup dur. « Ce refus des Turcs s’est fait pour des raisons purement électorales », explique-t-on du côté de l’état-major français. Demi-tour, cap vers le Brésil.
Janvier 2023 : au large des côtes
Le Brésil a demandé le retour du porte-avions vers l’hémisphère sud. Mais sans autoriser le porte-avions à accoster malgré le constat d’une « aggravation des dommages » au niveau de la coque. Le 19 janvier, le remorqueur néerlandais ALP Guard, qui opère pour le compte du chantier turc, commence à s’éloigner des côtes brésiliennes, après avoir passé plusieurs mois au large du Pernambouc, au nord-est du Brésil. Mais une décision de justice lui interdisait de naviguer dans les eaux internationales sans autorisation préalable des autorités brésiliennes. Le destin du navire est scellé. Il est voué à rester au large du Brésil, dans ses eaux territoriales, sans solutions pour sa fin de vie.
2 février 2023 : le porte-avions sera coulé
Le couperet tombe, le navire sera sabordé : « Face aux risques qu’implique le remorquage et en raison de la détérioration de la coque (…), la seule solution est d’abandonner la coque en la coulant de façon contrôlée« , a expliqué la Marine brésilienne mercredi 2 février, dans un communiqué conjoint avec le ministère de la Défense. Une zone située à environ 350 km au large des côtes brésiliennes, avec 5.000 mètres de profondeur, a été considérée comme étant « la plus sûre » pour ce sabordage, selon le communiqué.
À venir : l’abordage des associations écologistes
Qualifiée de « colis toxique de 30.000 tonnes » par l’association Robin des Bois, la vieille coque de 266 mètres de longueur est remplie d’amiante, de peintures et autres déchets toxiques, selon plusieurs organisations de défense de l’environnement. « La marine brésilienne devrait être condamnée pour négligence. S’ils coulent cette embarcation hautement toxique au milieu de l’Atlantique, ils vont violer sans aucune bonne raison trois traités environnementaux internationaux », a accusé Jim Puckett, directeur du Basel Action Network (BAN).