Nissan a fait un geste envers Renault en acceptant l’entrée de son directeur général Thierry Bolloré.
Ses mauvais résultats et l’affaire Carlos Ghosn ont pourtant entaché les relations entre les deux constructeurs. Nissan refuse la fusion que lui propose avec insistance Renault, alors que la situation est fragilisée et qu’il lui faut du temps pour se redresser.
Le groupe s’offre un nouveau visage…
Cependant, ce geste s’explique par une nouvelle stratégie du groupe. Sous l’égide de son patron Hiroto Saikawa, qui a l’intention de rester à son poste malgré les critiques, Nissan va proposer à ses actionnaires, au cours d’une assemblée générale prévue fin juin, une structure renouvelée et élargie à 11 administrateurs, dont sept issus de l’extérieur du groupe, selon un communiqué publié vendredi.
Cette ouverture a pour objectif d’améliorer la transparence, jugée très opaque sous Ghosn, qui concentrait tous les pouvoirs selon le groupe nippon.
… malgré une confiance mitigée
M. Bolloré n’est pas le premier notable du groupe à rejoindre les rangs du conseil d’administration (CA) de Nissan. En effet, le président du CA de Renault, Jean-Dominique Senard, a vu sa nomination approuvée début avril par une AG extraordinaire.
Cet accueil est d’autant plus étonnant que «la direction de Nissan a très peu confiance en M. Bolloré», assure une source proche du dossier.
Pour cause, ce dernier a longtemps soutenu Carlos Ghosn après son arrestation le 19 novembre à Tokyo sur des soupçons de malversations financières, suscitant l’incompréhension et l’ire de Nissan dont une enquête interne est à l’origine de la chute du magnat de l’automobile.
Une autre source précise que «M. Senard a poussé pour cette nomination face aux Japonais qui refusaient au début».
«Pour Renault, l’enjeu est d’avoir au conseil d’administration, à côté de M. Senard, un bon connaisseur du dossier, quelqu’un qui a du poids et qui sera aligné sur les mêmes positions», ajoute cette personne.
Un CA aux origines diverses
Ces nouveaux venus viennent remplacer deux anciens de Renault, Jean-Baptiste Duzan et Bernard Rey, qui siégeaient de manière indépendante.
Parmi eux figurent aussi Bernard Delmas, président de Nihon Michelin Tire et ancien président de la CCI au Japon, ou encore Andrew House, président de Sony Interactive Entertainment.
Keiko Ihara, ancienne pilote de course qui a fait son entrée au conseil d’administration en 2018, a souligné devant la presse «la diversité» du nouveau conseil, avec la présence de deux femmes (dont elle-même) et de différentes nationalités.