Une guerre énergétique dans les Balkans retarde nos horloges

Charles Williams / Flickr

Depuis mi-janvier, une baisse de la production électrique au Kosovo a déréglé la fréquence sur laquelle se calent les horloges digitales. Dans toute l’Europe, elles accusent un retard de six minutes.

Un coup d’œil sur l’horloge du micro-ondes, un autre sur la montre à quartz. L’heure affichée diffère de six minutes. En cause : une guerre énergétique qui se joue à des milliers de kilomètres de là, entre le Kosovo et les Balkans. Explications.

Habituellement, les horloges digitales se règlent toutes seules en se synchronisant sur la fréquence du courant électrique, à 50 hertz en Europe. « Depuis mi-janvier 2018, la fréquence moyenne est de 49,996 hertz », a expliqué mardi dans un communiqué l’Entso-e, qui réunit les fournisseurs d’électricité de 25 pays d’Europe.

La conséquence est un ralentissement des horloges qui ne peuvent plus fonctionner de façon optimale et retardent donc. Les smartphones et les ordinateurs, qui se mettent à l’heure grâce à Internet, ne sont pas concernés par le problème.

Selon des informations consultées par La Parisien, ce petit détail serait révélateur d’un jeu de forces à l’échelle européenne. Le Kosovo a décidé de fournir moins d’électricité pour faire pression et rejoindre officiellement l’Entso-e.

« Le Kosovo produit moins mais la Serbie, pourtant responsable de l’équilibre en fourniture électrique de la région des Balkans, refuse de produire plus pour des raisons d’opposition politique et historique entre les deux pays, analyse un expert en énergie consulté par le quotidien. D’autres pays européens, comme la France ou l’Allemagne, pourraient décider de produire plus mais ne le font pas pour ne pas avoir à en supporter les coûts et, in fine, les répercuter sur la facture des clients. »

L’Entso-e espère revenir à une production normale dans la semaine. Le retour à l’heure exacte devra ensuite être réalisé via une légère augmentation de la fréquence électrique. Cela pourrait prendre plusieurs semaines.

Corentin Lacoste