Zoom, Google Meets, Skype… Ces plateformes de visioconférence ont intégré notre quotidien en même temps que le coronavirus, quitte à parfois devenir un peu trop envahissantes. Énergivores et omniprésentes, elles impactes vivement notre santé mentale.
Longtemps réservés aux amoureux éloignés ou aux familles séparées par la distance, les appels en visioconférence ont explosé depuis l’arrivée du Coronavirus. Avec la prolongation des restrictions sanitaires alimentées par les récentes déclarations du Premier ministre encourageant vivement le télétravail, les plateformes de visioconférence sont plus présentes que jamais. Créé en 2011 à la Silicon Valley, le service américain de visioconférence Zoom a dessiné sa propre success story grâce à la pandémie. Il a d’ailleurs atteint une capitalisation de 50 milliards de dollars et compte dans ses rangs plus de 200 millions d’utilisateurs par jour.
Seulement, rester chez soi pour télétravailler, assister à des réunions ou encore étudier n’est pas de tout repos. Au contraire, il semblerait que les visioconférences représentent une réelle source d’épuisement mental.
La « zoom-fatigue » ?
La pandémie a impliqué l’ajout de plusieurs mots dans notre vocabulaire : distantiel, quatorzaine ou encore skypéro. Le prochain sera-t-il Zoom Fatigue ? En tout cas, c’est ce que pense le web media indépendant australien The conversation qui définirait ce mot par « un épuisement mental provoqué par les visioconférences ». Au-delà de la fatigue liée aux écrans, la zoom-fatigue s’explique aussi par l’aspect énergivore des visioconférences qui nécessiteraient plus d’attention et de concentration.
Pour comprendre cet effort, il faut comprendre l’impact de l’absence de langage corporel et de signes non-verbaux. Les hochements de tête, les mouvements de main ou encore les mimiques faciales rythment le discours et « facilitent la compréhension claire des messages et des intentions lors d’une interaction », explique Marie Lacroix, docteure en neuroscience, pour Franceinfo. Difficile en effet de discerner les gestes d’une personne en appel vidéo, si sa caméra est cadrée au niveau des épaules et sa bouche entourée d’un masque.
La transmission vidéo et la qualité de la visio ont également leur part de responsabilité dans l’affaire. En effet, la mauvaise qualité sonore « nous oblige à être plus attentifs pour suivre et prêts à des moments de confusion dans la conversation. » Également, on observe souvent un « décalage [entre le son et l’image, NDLR] qui se calcule peut-être en millisecondes. Mais c’est suffisant pour demander un effort supplémentaire au cerveau pour qu’il reconstruise la réalité », ajoute Nawal Abboub, docteure en sciences cognitives à Franceinfo. « Pour éviter les bruits parasites, on a tendance à couper son micro quand on n’a pas la parole. Alors, on détecte encore moins de signaux », termine Marie Lacroix.
La caméra, plutôt éteinte ou allumée?
Angoisse, palpitations, gorge nouée… Parler en public n’est jamais facile. Avec l’absence de réunions ou de cours en présentiel, les mauvais souvenirs de prises de parole compliquées auraient pu s’éloigner significativement. Pourtant, il semblerait que cela ne soit pas plus évident en visioconférence.
Parler à une rangée de petits carrés alignés sur un écran, grâce à une connexion vidéo, augmente le niveau d’anxiété et alimente cette peur de ne pas savoir quelle attitude ou expression le public arbore. Le cadre limite les indices non verbaux sur lesquels on s’appuie en général, et restreint aussi la possibilité de plaisanter entre participants, explique un article sur Slate.
S’ajoute à cela l’intrusion, certes rapide, mais réelle dans l’intimité où le travail et les études menacent d’envahir un peu plus l’espace privée, susceptible de gommer la limite entre les deux. Cependant, obliger l’activation de la caméra reste interdite, sauf justification. « Imposer une caméra sans objectif ni justification d’un caractère nécessaire, ce n’est pas possible. Cela doit être proportionné au but recherché. L’idée de flouter apporte du mieux, mais ce n’est pas pour autant suffisant pour imposer la caméra régulièrement », rappelle l’avocate Judith Bouhana chez Ouest-France.
En plus du bien-être mental, l’écologie pourrait également être impactée. Des chercheurs des universités de Purdue, Yale et du Massachussetts Institue of Technology viennent de démontrer que l’utilisation de la webcam lors des visioconférences pollue. En moyenne, entre 150 et 1000 grammes de CO2 relâchés pour une heure de Zoom.
Nejma Bentrad